Vers la fin de l'obésité ?

Une possible révolution en marche


Dans le monde, plus de 2,5 milliards de personnes (18 ans et plus) sont en surpoids,

dont 890 millions en obésité (IMC supérieur à 30). Et ce sont près de 390 millions d’enfants (5-18 ans) qui vivent en surpoids, 160 millions sont obèses.

Et chaque année, même si ce sont des millions de personnes qui meurent des conséquences du surpoids. Par exemple, aux Etats-Unis, en 2023, 281.135 personnes sont mortes de maladies cardiaques liées à leur poids, soit 3 fois plus qu’en 1999, 24 ans plus tôt. Et les maladies cardiques ne sont qu’une seule sorte de cause de décès avec le surpoids comme co-mortalité.

Entre 1975 et 2016, le taux de surpoids est passé de 20,2% à 39,1% de la population mondiale. Si, en France, l’épidémie d’obésité reste assez mineure (10%), elle est plus de 4 fois plus importante aux Etats-Unis (44%). Ainsi, il y a désormais dans le monde plus d’adultes en surpoids qu’en sous-poids (moins de 18,5 d’IMC (Indice de Masse Corporelle)).

Cette hausse ininterrompue s’explique en grande partie en particulier parce que le corps humain a évolué pour survivre dans un environnement pauvre et actif, l’exact inverse de la surabondance sédentaire de nos sociétés, un modèle de surconsommation qui s’étend rapidement aux pays pauvres et en développement. ce qui rend d’autant plus difficile la réduction de cette épidémie de surpoids à l’échelle mondiale.


Mais que se passerait-il si l’on avait sous la main une substance qui permette de perdre le surplus de poids (et donc de réduire les risques létaux qui y sont liés) sans effets secondaires ? Après avoir tant entendu de fausses promesses par régimes, opérations et autres méthodes, il semble difficile de croire à une révolution de cette ampleur.

C’est pourtant bien ce qui est en train d’arriver dans les laboratoires d’entreprises comme Novo Nordisk (Danemark) et Eli Lilly (USA), les leaders dans le domaine des GLP-1 agonist, des médicaments originellement produits pour traiter le diabète. Ils révèlent également une capacité à aider à perdre le surpoids du corps tout en limitant les risques cardiaques d’environ 20% (Novo Nordisk). Des études semblent même pointer du doigt des effets bénéfiques pour Alzheimer, l’apnée du sommeil ou même les maladies rénales et du foie.

Depuis l’entrée sur le marché des GLP-1 en 2021 et leur popularisation, la valorisation des deux entreprises a grimpé en flèche (Novo Nordisk, avec 560 milliards de dollars, est aujourd’hui l’entreprise d’Europe avec la plus haute valeur) là où celle de géants de la perte de poids s'effondrent, comme Weight Watchers qui a perdu 90% de sa valeur en 3 ans (de 2,57 milliards de dollars en 2019 à 0,23 milliard en 2024).

Figure 1. Evolution de la cotation en bourse en Milliard de Dollars, 2020-2024

Source: https://companiesmarketcap.com/

Novo Nordisk comme Eli Lilly sont aujourd’hui en bonne position pour atteindre le trillion de dollar de cotation en bourse, un club très privé et surtout composé d’entreprises de la tech.


Déjà aujourd’hui, l’augmentation rapide de la demande est un problème pour les producteurs qui n’arrivent que difficilement à suivre. Une pénurie dans l’approvisionnement des agents actifs de ces deux médicaments (Wegovy et Zepbound) se dessine déjà et pourrait empêcher les deux entreprises de produire plus pour suivre l’évolution de leur clientèle.








Projection des ventes de médicaments anti-surpoids, en Milliards de $, 2022-2030

Source: Bloomberg


Et comme le marché est extrêmement large (2,5 milliards de potentiels clients, n’oublions pas), les prévisions à l’heure actuelle sont que la vente de médicaments anti-surpoids pourrait passer d'environ 3 milliards de dollars en 2023 à près de 80 milliards en 2030.



Un autre problème est que la plupart des couvertures médicales du monde ne couvrent pas l’utilisation des médicaments anti-surpoids, ce qui limite dans l’instant la consommation aux classes aisées (16,000 dollars/an de traitement) et aux pays les plus riches (USA et Europe). Mais les lourds investissements des deux géants pour augmenter la production sont en passe de voir l’offre grimper en flèche et le prix réduire dans le même temps.

Pour légitimer leurs produits et les rendre plus accessibles, Novo Nordisk et Eli Lilly doivent cependant encore apporter des preuves supplémentaires de l'intérêt des médicaments non pas seulement vis-à-vis de la perte de poids (ce qui est déjà amplement vérifié), mais sur un plus large panel (les co-mortalités). Avec cet objectif en ligne de mire, Eli Lilly a lancé une étude test sur 115.000 personnes, finissant en 2027.


Pour ajouter à cela, il y a dans le monde aujourd’hui près de 100 tests cliniques différents pour des médicaments anti-surpoids, utilisant des technologies et des agents actifs différents de Novo Nordisk et de Eli Lilly. Ainsi, dans les années à venir, les chances sont grandes que nous voyons une flopée de produits similaires venant rendre l’accès à cette révolution médicale bien plus facile et à moindre coût.

Et si nous nous dirigions vers une éradication du surpoids et de ses effets néfastes tant sur la santé que sur l’économie ?

Nicolas Graingeot



Références:

  1. Obesity and overweight, World Health Organization, 2024

  2. Percentage of people worldwide who were overweight from 1975 to 2016, Statista

  3. A 2022 update on the epidemiology of obesity, National Library of Medicine

  4. Obesity as a factor in cardiac deaths tripled over 20 years, Washington Post



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