Les habiletés sociales et l’autisme


 

“ Imaginez-vous dans la salle d’attente d’un cinéma. Les gens sont serrés les uns contre les autres, ils discutent. Vous sentez également les odeurs des pop-corns non loin, la salle est lumineuse, emplie de plus d’une dizaine d’affiches aux couleurs variées. Vous attendez votre tour, avec une impatience maîtrisée. Puis, c’est à vous, vous rendez le bonjour et le sourire de la personne de l’accueil. Vous choisissez votre film, vous payez et vous partez en remerciant. Une dernière fois vous passez devant le stand de pop-corn, mais le film va bientôt commencer !”

Cette petite scène semble anodine, mais pourtant votre cerveau a traité énormément d’informations en peu de temps sans que vous vous rendiez compte. Vous avez partagé un espace avec d’autres en ayant un comportement adapté, tout cela est possible grâce à vos habiletés sociales. 

Les habiletés sociales représentent les capacités qui nous permettent de percevoir et de comprendre les messages des autres. Ainsi, nous pouvons choisir la réponse adaptée en utilisant des moyens de communication verbaux et non verbaux. Selon l’âge de la personne, le niveau attendu des habiletés sociales n’est pas le même.

Nous ne nous en rendons pas compte, mais ces habiletés interviennent dans notre relation avec l’autre : le simple fait de soigner son apparence, identifier les émotions de l’autre, répondre aux taquineries, savoir formuler un refus, avoir des relations amicales et affectives. Ces habiletés régissent nos capacités d’adaptation, nous rendant capable de communiquer avec l’autre et ainsi d’être mieux accepté et intégré dans les échanges. Nous savons ce qu’il ne faut pas faire, dans le cas du cinéma, nous savons que nous ne pouvons pas passer devant les autres en les poussant.

Or, pour les personnes autistes, ces habiletés ne sont pas aussi développées. Elles ne savent pas quand faire, quand ne pas faire, pourquoi faire ou ne pas faire. La compréhension sociale n’est quasiment pas présente, rendant les échanges avec les autres compliqués. Ces déficits sociaux seraient expliqués par le déficit de quelques fonctions cognitives élémentaires comme la perception des visages (pas de focalisation sur les yeux), la perception et le ressenti des émotions ou bien encore la capacité à détecter les intentions d’autrui.

Les personnes autistes ont une façon de voir le monde et de traiter les informations qui leur est propre. Leur structure de pensée est différente, rendant les interactions sociales difficiles car leur comportement est inadapté.

La théorie de l’esprit (acquise avant 5 ans) permet de comprendre que l’autre a des émotions, des pensées différentes des nôtres. C’est à ce moment-là que l’enfant se met à la place de l’autre, imagine ce que ressent son ami et prend en considération son point de vue. Or, les personnes autistes en sont privées, ils n’ont pas le réflexe naturel de décoder les indices sociaux (expressions faciales ou le regard) pour comprendre les émotions de l’autre. De plus, elles n’ont pas la cohérence centrale, c’est-à-dire l’interprétation des choses et des situations dans leur globalité en tenant compte du contexte. Les personnes autistes n’arrivent pas à faire abstraction de certains éléments et restent focalisés sur des détails qui sont pour nous insignifiants (par exemple une écriture décalée sur une affiche de cinéma). D’autres capacités comme l’attention conjointe (la capacité d’orienter son intérêt vers une chose pointée) ou les fonctions exécutives (ensemble regroupant l’attention, la mémoire, l’élaboration de stratégies…) sont également déficitaires.

Cependant, s’il existe des déficits cognitifs dans certains domaines, il existe des capacités cognitives intactes voire surfonctionnelles. A partir des compétences opérationnelles et des centres d’intérêt de l‘enfant, il est possible de travailler les habiletés sociales, afin de rendre les personnes autistes actrices de leurs échanges et leur permettant d’avoir les outils nécessaires. Il est important de noter que malheureusement, tout dépend de la sévérité de l’autisme, il ne faut pas de déficience intellectuelle et il faut que la communication verbale soit acquise.

Marine Jouin

 

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Mardi 10 novembre 2020