Game-over : mort par PowerPoint
Faire une présentation n’est pas chose aisée. Il faut captiver son auditoire, faire preuve d’éloquence tout en ayant un fil conducteur. Le support visuel est un outil qui nous semble de plus en plus essentiel, et avec des outils comme Canva pour créer des visuels attrayants ou Prezi pour des présentations dynamiques, les possibilités sont nombreuses. Cependant, ce support peut aussi devenir notre faiblesse. Le concept de la "mort par PowerPoint" critique l'utilisation traditionnelle des présentations, souvent jugée ennuyeuse et inefficace, pour promouvoir des méthodes plus engageantes et mémorables.
La mort par PowerPoint est une sentence irrévocable où vous perdez définitivement votre auditoire. Anéanti par le défilement hypnotique de vos slides surchargées et agressé par des graphiques aux couleurs criardes, votre public subit alors une zombification massive, signe que l'orateur n'a pas su attirer l'attention lors de sa présentation. Peu importe les gadgets utilisés, l'essence même de la présentation est perdue : établir une connexion avec l'auditoire, l'entraîner et lui raconter une histoire.
Pour ma part, je me souviens d’avoir souvent subi cette situation en tant qu’étudiante. L’enseignant, expert dans la matière, commençait le cours en lisant exactement ce qui était écrit sur les slides. Au fil des minutes, mon attention diminuait, j’avais l’impression de perdre mon temps, mais je continuais de tenir bon. 40 minutes passées et c’est le décrochage, je vois mes camarades parler entre elles, de vive voix ou en virtuel. L’ennui s’installe et l’enseignant continue de présenter son cours. Je me dis que j’irai plus vite et que je comprendrai mieux en lisant simplement son pdf. Le cours avance au rythme des diapositives que l’enseignant montre de plus en plus rapidement. Le temps prévu est au final trop juste par rapport à la quantité des informations transmises, mais aucune slide n’est sautée, car il souhaite boucler le programme. Finalement, le moment questions-réponses se solde par un silence accablant, nous attendons la fin avec impatience. Avec le recul, je comprends que l’enseignant, même avec les meilleures intentions, a été victime de la mort par PowerPoint.
Un PowerPoint n’est pas donc une présentation, c’est un support qui vient aider une présentation. Sauf que l’utilisation de ce support est souvent accompagnée d’erreurs qui peuvent être fatales. Premièrement, une surcharge de texte sur les diapositives est à proscrire. Trop d'informations textuelles peuvent submerger le public, le rendant incapable de saisir le message principal. Les bullets points sont trop souvent présents sur les slides et n’apportent pas d’informations essentielles. Ensuite, des diapositives trop complexes, avec des graphiques ou tableaux surchargés, peuvent être difficiles à comprendre rapidement, ce qui détourne l'attention du public de l'orateur. Une autre erreur fréquente est de lire mot pour mot ce qui est écrit sur la diapositive. Cette pratique rend la présentation monotone et ennuyeuse, car elle ne laisse aucune place à l'interaction ou à l'engagement du public. De plus, un design peu attrayant, avec des choix de couleurs criardes ou un agencement visuel désordonné, peut distraire ou fatiguer visuellement l'audience. Enfin, l'absence d'interaction avec l'audience est à mon sens l’erreur la plus importante. Une présentation statique, sans engagement ou participation du public, risque de perdre son attention, le message est moins impactant et on perd l’essence de votre présentation.
Concrètement, quels conseils peut-on impliquer ? Limiter chaque diapositive à un seul message principal aide à éviter de surcharger l'audience d'informations. Utiliser le contraste et la taille des éléments visuels guide l'attention vers les points importants. Opter pour des arrière-plans sombres recentre l'attention sur le présentateur plutôt que sur les diapositives. Plutôt que de lire directement le texte affiché, les diapositives peuvent servir de support visuel pour compléter et renforcer le discours. Limiter les éléments visuels à six par diapositive évite de submerger l'audience. Assurer que la présentation raconte une histoire claire et cohérente, avec une direction et un but précis, est essentiel. Simplifier le graphisme, bannir les graphiques en 3D et garantir que tout texte ou image est facilement lisible améliore la clarté. Enfin, utiliser des photos, des couleurs mesurées (trois au maximum) et des codes de couleur permet de maintenir une esthétique uniforme et engageante, tout en transmettant les émotions appropriées à l'audience.
En réalité, PowerPoint doit être perçu comme un soutien à une présentation orale, plutôt qu’être un élément central. L'essentiel réside dans l'intention de l'orateur et le message qu'il souhaite transmettre à son auditoire. Une présentation réussie repose sur l'interaction, la clarté et la capacité à captiver et à engager le public. Utiliser PowerPoint de manière judicieuse, en veillant à ce que les diapositives complètent et renforcent le discours sans le supplanter, vous permettra d’éviter de perdre votre auditoire.
Marine JOUIN