Vivre à l’étranger : les Pays-Bas


Le Reitdiephaven, le quartier des maisons colorées de Groningen, Pays-Bas

Second article du genre, je vous partage cette fois mon expérience d’expatrié dans l’autre pays du fromage, le royaume du vélo et de la nature, les Pays-Bas.

Tout d’abord, je vis aux Pays-Bas depuis Février 2022, dans le cadre d’un échange universitaire avec la Rijksuniversiteit Groningen, l’Université principale de la ville de Groningen, la plus au Nord du pays.

Je ne pourrais donc pas donner une expérience exactement identique à celle d’un étudiant à Amsterdam ou dans une autre ville. Mais je m’efforcerais de partager les aspects les plus généraux, comme les plus précis, de la vie locale.

Les Pays-Bas

Commençons par un panorama du pays. J’ai honte de l’avouer, mais avant de venir vivre ici, je ne connaissais presque rien des Pays-Bas, et, pour être honnête, je ne comptais pas spécialement m’y intéresser. Dans mon esprit, j’imaginais uniquement un petit pays, qui ne faisait pas parler de lui parce qu’il ne s’y passait presque rien.

Je n'aurais pas pu être plus éloigné de la vérité !


Les Pays-Bas sont un petit pays, comprimé sur une bande de terre entre la mer, l’Allemagne et la Belgique. Comme vous le savez peut-être, ce pays lutte depuis toujours avec l’océan, de façon à y gagner de l’espace, en construisant moultes digues. Ce fait historique et social définit une grande partie de l’esprit local : tout espace est important.

Les Néerlandais sont donc très attachés à leur nature, car chaque arbre qui parvient à pousser est en soi déjà une victoire à leurs yeux.

Ce qui fait de ce pays une terre très écologique : il est difficile de trouver une maison ou un immeuble sans panneaux solaires et/ou petit jardin. Les éoliennes sont omniprésentes dans les campagnes, la proximité de la mer faisant du pays une terre constamment soufflée par les vents du Nord. Où que je suis allé, j’ai pu prendre conscience de cette volonté écologique de tout un peuple, pour qui chaque espace, chaque événement est une chance.


Mais les Pays-Bas sont aussi une terre humide. Je pourrais vous parler de cette idée que l’on a de ce pays, constamment sous la pluie, mais je dois avouer que j’ai eu de la chance durant mon séjour, le soleil s’étant affirmé plus que d’accoutumée. Mais cela n’enlève rien au caractère humide du pays : en effet, comme les Pays-Bas sont en grande partie au niveau de la mer ou en dessous, l’eau s’accumule beaucoup. Dans la campagne, il n’y a pas un champ, une forêt qui ne soit pas entourée d’une tranchée pour drainer l’eau. Depuis le ciel, le réseau de canaux est impressionnant, le pays tout entier étant ainsi strié de part en part. Cette abondance donne à la nature une occasion en or de se développer, de prospérer. Le vert ici domine, avis aux amateurs du “tourisme vert”. 

La campagne près de Groningen

Mais, évidemment, vous avez actuellement en tête les canaux d’Amsterdam, les villes coupées par d’innombrables petits cours d’eau, la “Venise du Nord”. Et vous avez raison, c’est une vérité universelle ici ! Toutes les villes (et même une partie des villages), sont traversées de canaux, d’écluses, de péniches. Et il faut avouer que cette spécialité néerlandaise est plus qu’appréciable, cela donne à la vie urbaine un calme particulier, un sentiment de plénitude inhabituel.

Le canal central d’Amsterdam

L’Art de Vivre néerlandais

Les Néerlandais ont su créer, malgré les influences proches de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni, une véritable culture unique et un art de vivre très particulier.

Nouvelle chose auquelle je ne m’attendais pas, et qui est liée à cet attachement pour la nature : les Néerlandais sont des gens qui recherchent (pour l’immense majorité) la simplicité de la vie. Je n’ai jamais pu, en 6 mois, voir le moindre étalement de richesse, même si celle-ci est bien présente. Pas de belles voitures de luxe dans les rues, pas de volonté de mettre en avant sa réussite sociale. Au contraire, les quartiers les plus huppés sont aussi ceux qui ne cherchent pas à se mettre en avant : immeubles beaux mais typiques, en briques rouges sans fioritures, petit jardin devant la porte d’entrée, une chaise pour profiter autant que possible des rayons de soleil.

Cela rend la vie ici très agréable : les gens ont la plupart du temps le sourire aux lèvres, ou en tout cas un visage qui ne se ferme pas à la moindre tentative de communication. Les gens sont accessibles, prompts à vous aider, voire à vous accueillir chez eux sans trop de difficulté, à vous offrir un thé pour avoir l’occasion de discuter et d’apprendre de vous. Dans les transports en commun, les gens parlent entre eux, même s’ils ne se connaissaient pas 5 minutes plus tôt, rien. C’est peut-être l’un des plus grands décalage avec ma vie en France : chez moi, personne ne se parle, et les gens ont tendance à croire que vous leur voulez du mal, même si vous voulez uniquement discuter. Rien de tel ici.

N’oubliez cependant pas que le coût de la vie reste important, un peu plus élevé qu’en France. Les loisirs en particulier sont chers. Si vous êtes étudiants, tentez au maximum de faire les choses en groupe, en particulier les voyages, car les transports en commun, les trains surtout, ont un prix élevé (28€ pour aller de Groningen à Amsterdam, 2h de trajet), mais les tarifs de groupe sont plus qu’abordable.

Le vélo aux Pays-Bas

Comment pourrais-je vous parler de l’art de vivre néelandais sans vous parler du vélo. C’est une religion ici. Tout est fait pour le vélo, et par le vélo ! Faire vos courses, vélo. Aller au restaurant, vélo. Aller travailler, vélo.

Je vis à Groningen, sans doute l’une des villes des Pays-Bas, et du monde, où le vélo est le plus mis en avant. Ici, plus de vélos que d’habitant ! Tout a été fait, dès les années 70, pour que le cyclisme soit le moyen de transport principal. Tout l’urbanisme a été pensé et construit ainsi : les pistes cyclables sont omniprésentes, tout en étant les plus sûres que je n’ai jamais vu. Jamais, en vélo, vous n’êtes sur la même route que les voitures : toutes les routes sont divisées entre voies pour vélo et voies pour voiture. C’est un véritable réseau parallèle qui s’est construit, avec ses propres panneaux, ses propres feux de circulation. Ce qui rend le transport à vélo de loin le plus facile et efficace. Ce n’est donc pas une surprise si je vous dis qu’il n’est pas rare de se retrouver dans des convois de plus de 100 cyclistes sans s’en formaliser.

Des milliers de vélo, et une infrastructure pour les accueillir

Groningen

Groningen est une ville particulière, même pour les Pays-Bas : ville la plus au nord, elle a toujours été éloignée des principaux flux de richesses, qui se concentrait dans le sud, entre Rotterdam et Amsterdam. Là où ces deux villes sont aujourd’hui des villes très modernes, Rotterdam en particulier avec ses grattes-ciel et son béton omniprésent, Groningen se retrouve être une ville à taille humaine, peuplée mais agréable, dans un style architectural marqué des deux derniers siècles. C’est une ville étendue où il n’est pas difficile de se balader aux alentours. 

Le centre-ville de Groningen

Proche de la mer, il n’est pas difficile de s’y rendre : prenez votre vélo, un train de 30 minutes et vous vous retrouvez en bord de mer, au milieu des moutons, dans un calme si appréciable.

Mais Groningen est cependant aussi une ville très vivante : 75% de la population a moins de 25 ans. Cela est dû à la présence des deux universités, sur lesquelles je reviendrai. Cette jeunesse rend la vie sociale très dynamique : au moindre rayon de soleil, les parcs sont recouverts de serviettes, de groupes d’amis. Très souvent des groupes de musique viennent jouer en ville, gratuitement. Les deux places centrales sont souvent le théâtre d’événements, comme des marchés, des fêtes foraines, etc…

Les musées sont aussi centraux, en particulier le Musée d’Art, le Groninger Museum, qui revient sur l’histoire et la production artistique de la ville et de ses environs, des peintures classiques à l’art moderne, en passant par le graph et les nouvelles technologies.

L’université

Je suis étudiant à la Rijksuniversiteit Groningen, abrégée en RUG, la plus grande des deux universités de la ville (la seconde étant Hanzehogeschool Groningen).

RUG est une université réputée pour la qualité de ses enseignements, mais aussi pour la qualité de vie qu’elle propose à ses étudiants (pas loin de 60 000, 25% de la population locale !). La ville tout entière est destinée à la vie étudiante, entre son immense campus de Zernike, qui concentre toutes les activités étudiantes, la Bibliothèque Universitaire, en centre-ville.

Les cours que j’ai eu l’occasion d’avoir (traitant du commerce international, pour ma part) sont de loin les meilleurs auxquels j’ai eu la chance d’assister. Les intervenants, habitués à travailler avec l’université, étaient efficaces, à l’écoute et pédagogues. La part belle est faite à l’expression des étudiants vis à vis de leurs cours et de l’Université en général, des enquêtes de satisfactions sont menées tous les mois, servent à une véritable amélioration palpable, l’administration faisant circuler régulièrement un dossier contenant les derniers changements liés aux retours des étudiants.

Mais il ne faut pas voir dans cela un relâchement de la discipline et du travail à fournir : le niveau reste très élevé, les professeurs exigeants. Je vous conseille, si vous entrez dans cette université, d’organiser dès que possible votre travail, car il y a une masse importante d’informations à retenir, d’articles à lire, de travaux de groupe à finir.

Le campus Zernike, centre névralgique de la vie étudiante de Groningen

Mes découvertes

Je me dois, après avoir passé 6 mois ici, de vous partager mes découvertes culinaires, touristiques et autres, pour vous aider à découvrir en profondeur ce pays hors du commun.

Tout d’abord, au niveau culinaire, les Pays-Bas sont réputés pour leurs fromages. Ceux-ci sont dans l’immense majorité des pâtes molles, ils ne sont pas forts. La plupart sont plus proches du gouda que de l’époisse. Je vous conseille de chercher en priorité des fromages locaux : tous les supermarchés possèdent un rayon pour les produits de la région, de vraies mines d’or.

Une autre spécialité locale : les Stroopwafels, des gaufres au caramel et à la cannelle. Ce dessert est lourd, très sucré, mais on tombe facilement addict, surtout car le prix les rend très abordables (2€ pour 8 en supermarchés).


Au niveau des visites, je connais principalement le Nord du pays.

. Groningen est une belle ville, à taille humaine mais dynamique. Une véritable découverte pour moi, une ville difficile à ne pas aimer.

. Ameland, une des plus grandes îles de Frise, ce chapelet qui encercle le nord du pays. Au temps principalement venteux, se balader sur cette île est particulièrement agréable, car peu peuplée mais couverte de dunes côtières, possédant de longues plages.

. Amsterdam est évidemment l’un des incontournables. Capitale, elle est réputée dans le monde entier pour sa beauté, ses canaux, son architecture. Il est nécessaire d’y passer au moins un weekend, pour profiter d’une bonne partie de ce qu’elle a à offrir.

. Keukenhof, à 20 km d’Amsterdam, est un parc à fleurs dédié aux tulipes, qui se visite aux alentours d’Avril. Il est possible de s’y promener pendant des heures, au milieu d’une infinité de fleurs, donc les formes, les couleurs et la mise en scène ont été pensées pour rendre cette visite inoubliable.

. Rotterdam est la ville la plus moderne du pays. Reconstruite entièrement après la Seconde Guerre, elle est la représentation de la nouvelle génération du pays, urbaine, audacieuse. Ce n’est pas une ville qui se visite pour son côté historique, mais bien pour voir de ses propres yeux l’audace et l’innovation de son architecture. Un tour en bateau est aussi possible sur la Nouvelle Meuse, et permet de voir le port de Rotterdam, plus grand port industriel d’Europe et porte d’entrée de la majorité des produits importés depuis d’autres continents.

Mes conseils pour vivre aux Pays Bas

  • Ayez un vélo. Ce n’est pas une option, c’est une obligation pour profiter du pays à 100%.

  • Vivre en résidence internationale si possible. Les Pays-Bas sont un pays tourné vers la culture, l’échange et le partage. Si vous souhaitez y vivre, essayez de trouver une résidence étudiante internationale. C’est le meilleur conseil que je puisse vous donner.

  • Faites les marchés. Très régulièrement (plusieurs fois par semaine), dans toutes les villes, des marchés s’installent sur les places pour vendre des produits du terroir. Je vous conseille d’y aller pour faire vos courses principales, car les prix y sont imbattables et les produits sont locaux. Vous pouvez sans difficulté discuter avec les producteurs, qui vous parleront en détail de leurs produits. 

  • Mangez du poisson. Étant un pays tourné vers la mer, la cuisine du poisson est centrale. Difficile de faire plus frais que les poissons du marché.

  • Vous pouvez sans difficulté parler anglais avec la plupart des habitants, qui le comprennent et le parlent aussi bien qu’au centre de Londres. Ils apprécieront cependant si vous tentez de glisser quelques mots de néerlandais, même si vous ne le parlez pas couramment.



Nicolas Graingeot


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