Paulo


Source : Pierre Jouin


Nous marchons dans la neige et je cherche à suivre tes enjambées du mieux que je peux. Tu t’arrêtes, laces une énième fois tes chaussures, puis tu repars en grommelant.

 

La nuit commence doucement à tomber et les bruits des terrasses commencent à monter : une jolie fille passe devant nous, et tu me regardes, l’œil malicieux.

 

Soudain, un vrombissement se fait entendre, et une berline nous dépasse, nous éclaboussant de neige au passage. Moi, jurant, et toi, la regardant s’éloigner.

 

Tu me décris le son du moteur, les différents trophées remportés par des noms qui me sont inconnus, les dernières avancées que ce modèle permet…

 

J’ai l’impression d’apprendre une autre langue, mais je tente de te comprendre, avec tes mots et tes idées : il est loin le temps, ou je pensais que jamais nous ne pourrions parler.

 

Que d’instants de conflit, d’incompréhensions nous avons pu traverser : la jalousie, la peur, le rejet, toutes ses sottises qui si longtemps m’ont hanté.

 

Mais aujourd’hui tout cela a fait place à l’un des trésors les plus précieux, une richesse que nul or ne peut mesurer, un présent, unique, que la vie m’a fait.

 

Car je ne pouvais rêver de meilleur partenaire, de meilleur ami, de plus grande différence, de plus grande ressemblance, de plus grande chance.

 

Alors il est temps de rentrer, tantôt courants, tantôt glissants, pour retrouver ce foyer où j’ai appris à t’aimer, de manière pure et sincère.

 

Car en regardant les flammes dans l’âtre, et avec tes yeux mi-clos, tu n’as jamais un seul instant cessé d’être sincère lorsque tu me dis :

 

« Je t’aime mon frère »

Pierre Jouin


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Vendredi 14 janvier 2022