Le vieillard
Autrefois, au tournant d’un chemin, un vieillard dont la conduite frôlait la vertu mais aussi le vice et qui habitait dans un château dégradé, voulut expliquer les flammes qui jaillissaient de mes prunelles. Mécontent tout d’abord, je lui laissais ensuite le plaisir d’exécuter son souhait que je considérais comme maigrelet. Il me dit alors qu’il fallait pour cela que nous partageassions quelques moments ensemble. Nous commençâmes par une leçon de danse et, à vrai dire, cela me surprit follement. Il m’apprit des pas, je les exécutais tandis qu’il m’observait avec une intensité débordante. Nous allâmes ensuite marcher à travers la forêt : ce fut une marche foudroyante sans but précis. Le vieillard, pendant cette activité, ne regardait pas devant lui mais fixait ma démarche ; cette étrange contemplation me déconcerta. Peu après, nous ruinâmes des eaux découvertes et je souriais sans doute avec exagération. Il souriait aussi mais avec une pure tendresse. Je m’enthousiasmais et lui aussi, mais intérieurement. Devant ces eaux, le combat devenait de plus en plus acharné et, même, aveuglant. Cette lutte ne dura pas, nous changeâmes de cap. Nous nous rendîmes à une prairie où des chevaux, tels des princes, galopaient. Ces êtres dynamiques se mariaient parfaitement avec l’énergie abondante de la nature, avec sa dépense sans limite qui effraie tout autant qu’elle fascine. Nous restâmes devant ce spectacle magnifique et grandiose de longues heures, sans même prononcer un mot ni s’échanger un regard. Soudain, le vieillard me dit enfin à l’oreille : « Observe leur allure… » Il disparut.
Jean
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