La Petite Sirène, un conte au sens caché
Parue en 1837, la Petite Sirène d’Hans Christian Andersen a connu une réadaptation heureuse par les studios Disney. Cependant, le conte ne présage pas une fin heureuse pour la malheureuse sirène qui finit par mourir délaissée par son prince. Et si cette histoire avait un double-sens caché ?
En effet, il se pourrait que l’histoire de la petite sirène soit celle d’Andersen qui aurait été homosexuel. Il éprouvait une passion pour le fils de son bienfaiteur Edvard Collins à qui l’écrivain rédigeait des lettres enflammées. Cependant, les sentiments n’étaient pas réciproques et Andersen se noyait dans la rédaction de contes.
L’histoire de la petite sirène semblerait être une métaphore de cet amour perdu, l’héroïne tombe éperdument amoureuse d’un prince et décide de se débarrasser de sa queue pour pouvoir vivre auprès de lui. Elle perd également sa voix, symbole de prestance et outil oratoire chez les hommes. La sirène semble vouloir échapper à sa condition et à son apparence physique, et fait le choix de tout abandonner pour pouvoir trouver le bonheur auprès du prince. Cependant, le prince la délaisse et elle meurt. Mais, il semble que malgré ses sacrifices elle a réussi à trouver qui elle était réellement, puisqu’elle devient une fille de l’air, c’est-à-dire une âme immortelle qui est désormais libre.
La féminité d’Andersen se retrouve dans les lettres qu’il écrivait à Edvard Collin : "Je me languis de toi comme d'une belle fille de Calabre. Mes sentiments pour toi sont ceux d'une femme. Mais la féminité de ma nature et notre amour doivent demeurer un secret" (1835), mais aussi dans d’autres textes de manière plus subtile (Le conte de ma vie ou bien encore dans des lettres). Ces éléments poussent de nombreux auteurs à voir en Andersen une personne tiraillée par une homosexualité refoulée voire même en une personne en dissociation identitaire.
Ces analyses ne font pas forcément consensus. Pour certains, la perte de la queue de poisson serait un symbole du renoncement au sexe, puisque la Petite Sirène reste un conte marqué par la religion chrétienne.
En réalité, la Petite Sirène est une histoire qui entre en résonance avec chacun de par les problématiques évoquées : le renoncement, l’histoire d’amour torturée, le rejet à cause de la différence ou bien encore la recherche de l’épanouissement personnel.
Marine Jouin
Bibliographie :
France Culture : https://www.franceculture.fr/litterature/et-si-la-petite-sirene-etait-en-fait-un-homme
Hans Brix et Anker Jensen, « Biographie d'Andersen », Les Contes d'Andersen commentés et annotés, Gyldendal, 1931 ; rééd. 1957, 2 vol.