La nature dans la langue des poètes
Dans le chant XX de l’Iliade, écrit par Homère, Achille sème la violence et jette les Troyens dans l’effroi. Apollon décide alors Enée à combattre contre Achille dans le but de l’arrêter dans sa course meurtrière. Enée et Achille engagent une discussion où Enée définit le langage comme « la prairie infinie des mots ». En définitive, le langage sera toujours plus grand de tout ce qu’on peut en dire, autrement dit il est ouvert. Par exemple Thalès réduit tout ce qui existe à l’eau, donc il réduit par la même occasion la nature et le langage. Alors que Thalès systématise le langage, Homère défend le contraire dans la mesure où le langage est une ouverture vers ce qui est. Il est intéressant de remarquer que la poésie travaille cette opposition entre le langage ouvert et le langage systématique ; en effet elle a compris le fait qu’on peut toujours aller au-delà de ce qu’on dit. C’est ce que dit Enée : lui et Achille peuvent parler indéfiniment cependant le vrai choc est le bronze. Enée choisit donc l’action… Quoi qu’il en soit, Homère pose ainsi le langage comme inépuisable. Le rôle de la poésie serait par conséquent de donner une forme définie à la variation infinie du langage où serait unifier la représentation et l’ordre des choses. La poésie donne un ordre à ce qui est mais ce n’est pas un ordre dogmatique dans le sens où elle expliquerait quelque chose. Le problème des philosophes est d’avoir voulu réduire le monde à un seul mot.
A partir de cette introduction, je pars du principe que les poètes ont ceux qui sauvegardent la nature et que, à partir de leurs poèmes, ils peuvent nous faire penser le vivant à une époque où il est oublié. En effet le poète est celui qui sert d’intermédiaire entre la nature et les hommes car il dit ce qui est et ne se contente pas de communiquer : il donne une signification aux choses qui font partie de la nature. L’objectif ici est de retrouver une langue que les hommes ont perdue de vue, la langue des poètes, autrement dit la langue qui nomme l’être. Cette langue se distingue de la communication, omniprésente de nos jours, qui réduit le monde humain à de simples bavardages et qui anéantit la signification du réel.
Les poètes ont perçu le délaissement et la violence que subit le vivant. Victor Hugo, dans son poème intitulé « La nature » tiré des Contemplations, en parle avec lucidité. Deux parties constituent le poème. Dans la première partie est décrite la dépendance de l’être humain vis-à-vis de la nature, Hugo prenant la figure de l’arbre. L’homme a besoin de l’arbre pour le chauffage, pour l’attelage des bœufs et des chevaux, et aussi pour construire son habitat. L’arbre, discutant avec un homme, accepte d’être utilisé ainsi parce qu’il reste en contact avec la terre. Mais le poème change de ton lorsque l’homme demande à l’arbre de devenir un navire : « Le navire est pour moi, dans l’immense mystère, / Ce qu’est pour vous la tombe ; il m’arrache à la terre ». A partir de ce passage, l’arbre se révolte contre l’homme, et à travers l’arbre c’est toute la nature qui prend part à la lutte. L’arbre rappelle à l’homme qu’il doit garder sa place dans la nature et qu’il en est dépendant. Lorsque l’homme exagère, la nature le rappelle à l’ordre car il a des comptes à rendre, c’est-à-dire qu’il n’est pas libre de faire ce qu’il veut de la nature.
Le poète est celui qui perçoit le monde sensible de façon intime et profonde. Il est invité à décrypter les signes de la nature qui reste toujours difficile à interpréter. Baudelaire, dans « Correspondances », poème des Fleurs du mal, compare la nature à un temple, lieu où l’homme peut communiquer avec un autre monde : « La Nature est un temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles ». La nature est sacrée et prononce des paroles sibyllines. Elle est aussi énigmatique et secrète, en effet « l’homme y passe à travers des forêts de symboles ». Mystérieuse et dynamique, la nature est un Tout complexe qui motive l’odorat (« parfum »), la vue (« regards familiers »), l’ouïe (« longs échos »), le goût (« chairs d’enfant ») et le toucher (« doux »).
Toutes ses sensations au contact de la nature se retrouvent aussi chez Rimbaud dans son poème « Sensation » issu des Cahiers de Douai. L’auteur se voit comme un vagabond qui se promène à travers « la Nature ». Il la traverse, la parcourt. Utilisant la majuscule, comme Baudelaire, il divinise la nature et réduit l’homme à une partie du tout, par conséquent cette majuscule renvoie l’humanité à ce qu’elle est vraiment. Son rapport avec elle est amoureux, en effet il la compare à une femme : « heureux comme avec une femme ». Rimbaud rêve d’un bonheur absolu que seule la nature peut lui procurer et c’est par un contact sensuel avec elle que ce bonheur peut prendre forme. Pour éprouver une harmonie avec la nature, il faut un contact corporel avec elle, la toucher, la sentir, la contempler. Sans cela, l’homme ne peut pas saisir essentiellement ce qui l’entoure. Rimbaud utilise des expressions sensuelles comme « picoté », « fouler », « fraicheur » et « baigner ». Tout cela témoigne d’une réelle envie de renouer physiquement avec la nature.
Le poète utilise ses sens en naviguant à travers la nature et unifie ses sensations pour retrouver l’essence de chaque chose.
De plus la sensation va des « pieds » à la « tête », Rimbaud est en pleine communion avec la nature, son corps et son âme s’harmonisent avec elle. Les pieds créent le contact physique avec le monde alors que la tête est le symbole du lieu des sentiments et non de l’intellect car « l’amour infini » dont il parle ne suggère pas une activité intellectuelle. Il balaye l’intellect qui ne permet aucun contact avec elle, qui au contraire met l’homme à distance : « Je ne parlerai pas, je ne penserai rien ». La nature n’est pas à connaître mais à sentir. Cependant le fait qu’il compare la nature à une femme est problématique : peut-on aimer la nature comme on aime un autre être humain ? Cela n’est sans doute qu’une image pour dire que la nature est avant tout un corps que l’on peut sentir et que ce n’est aucunement un concept abstrait dénué de vie et éloigné des hommes.
« Correspondances » présente le poète comme le médiateur entre l’homme et la nature. La perception de la nature suppose d’ouvrir ses sens et Baudelaire invite les hommes à ne pas rester aveugles par rapport à ce qui se passe autour d’eux. Il cherche le mystère de l’être dans la nature, cette dernière reflétant le langage divin. Il cherche des symboles dans ce monde car les êtres ont une signification cachée et le poète s’efforce à la découvrir. L’homme et l’univers sont inséparables, dans ce sens l’humanité doit retrouver l’unité perdue qu’elle entretient avec l’âme des êtres, en prenant la nature comme un lieu de symboles. Le poète cherche à l’intérieur de la nature une signification de la réalité du monde. Dans chaque chose une Idée se cache, en cela Baudelaire est très platonicien, et le poète remonte à cette source, à la sève des choses. La poésie ne décrit pas, elle est le chemin à emprunter pour accéder au secret du monde, en cela Baudelaire rompt avec un réalisme qui enferme l’homme et la poésie dans la simple description.
Chaque chose a donc son essence, son Idée, et le poème, ou l’œuvre d’art en général, a une aura qui traduit cette Idée.
Cependant à l’époque industrielle l’aura de l’œuvre d’art, caractérisée par le hic et nunc (« l’ici et maintenant »), se dissipe du fait de sa reproductibilité, ce qu’explique Walter Benjamin dans L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique. L’authenticité de l’œuvre d’art, c’est-à-dire le contact avec une présence unique, est anéantie par la reproduction. Elle perd alors son aura par la désincarnation que provoque la reproductibilité reposant sur les processus mécaniques, chimiques et électriques. L’œuvre d’art est dépouillée de son statut sacré lié à la beauté platonicienne. Benjamin définit l’aura d’un objet par « l’unique apparition d’un lointain si proche soit-il », autrement dit l’aura est ce que l’on perçoit d’une chose lorsque celle-ci est éloignée de nous mais qui nous parle. Finalement la société industrielle multiplie les œuvres d’art et elles envahissent le champ de vision des masses. Or l’art est en lui-même un horizon que l’on observe à une certaine distance mais cette distance n’empêche pas le lien. La perte de l’aura tient aussi au fait que les individus veulent posséder ce qu’ils aperçoivent or l’aura disparaît si on se rapproche d’elle. La poésie et l’art en général ont donc perdu leur portée contribuant à un amoindrissement d’une vue qui porte loin et d’un langage dénué de contenu idéal. C’est pourquoi, pour Baudelaire, la photographie est l’expression la plus éloquente de la « domination progressive de la matière » et une menace pour le « goût du Beau ». Il accuse la photographie de ruiner l’art en le rapportant à la reproduction exacte et industrielle de la nature. La photographie s’allie avec le Réel, « la plus mortelle ennemie de l’art », et oublie l’Idéal. Dépourvues d’aura, c’est-à-dire d’une présence singulière que dégage une chose existante, les photographies n’ont pas d’âme car elles collent au Réel alors que c’est l’Idéal que l’art tente d’atteindre, c’est pourquoi Baudelaire dénonce en 1859 le « public moderne » pour son « goût exclusif du Vrai ».
Depuis, la société a évolué et l’appareil de production essaye de devenir total, dans le sens où il détermine les attitudes, les comportements et les besoins individuels. Dans cette société, la culture et la littérature sont victimes du processus de désublimation, idée que Herbert Marcuse défend dans L’Homme unidimensionnel. La culture supérieure ne bascule pas en culture de masse mais la société la met en cause. L’antagonisme entre la culture supérieure et la réalité sociale se réduit. La société ne nie pas les « valeurs culturelles » mais les fond en elle et les mots associés à ces œuvres deviennent « des marchandises et des produits familiers ». De ce fait leur vérité s’est perdue : alors qu’avant l’art s’opposait au monde des affaires, aujourd’hui elle l’assimile.
L’essence de l’art, c’est la distance qui la sépare de la réalité sociale et la société technologique brise cette distance : elle détruit donc l’essence de l’art.
L’art, comme le définit Marcuse, est le « grand Refus », c’est-à-dire qu’il est révolte contre le monde du travail. Cette société détruit les réalités des images transcendantes en les assimilant dans l’atmosphère du quotidien, en effet « la distanciation artistique est sublimation », donc la société technologique produit une désublimation croissante en utilisant l’art dans un but commercial ou pour les loisirs. Reste-t-il une place aux poètes dans ce monde ? Le poète, dans l’état actuel, doit refuser le « grand Refus », autrement dit se révolter tout en gardant sa position de surplomb vis-à-vis du monde.
C’est ce que Anna de Noailles exprime dans son poème « La vie profonde », tiré de son recueil Le Cœur innombrable, où elle termine par ce vers : « Avoir l’âme qui rêve, au bord du monde assise… ». Le poète est celui qui est au cœur du monde, de ce fait la poésie est un discours sur le monde. « Au bord du monde », le poète est l’observateur par excellence, cette position lui permet de mieux embrasser ce qui l’entoure. Il s’ancre dans le monde par la contemplation jusqu’à la symbiose pour en saisir toute la beauté et la vitalité. Il accède à des vérités, à un au-delà qui est autre que la rationalité. Anna de Noailles évoque une proximité harmonieuse, une communication sensuelle avec la nature, jusqu’à la symbiose. Elle végétalise l’humain : « Être dans la nature ainsi qu’un arbre humain ». L’être s’identifie à la nature et se fond en elle. L’homme est un être de la nature et la nature parle à travers lui : « sentir, par la nuit paisible et par l’orage, / La sève universelle affluer dans ses mains », écrit-elle. La nature parle à travers le poète et ce dernier dévoile le caractère mystérieux de celle-ci sans la dévoiler elle-même : « S’élever au réel et pencher au mystère, / Être le jour qui monte et l’ombre qui descend ». Elle donne aussi aux éléments leur place : « Sentir, dans son cœur vif, l’air, le feu et le sang / Tourbillonner ainsi que le vent sur la Terre ». La vie n’est profonde qu’à condition d’ouvrir ses sens, cela est aussi l’intuition de Rimbaud, qui, dans « Soleil et chair », donne aux éléments naturels une dynamique très prononcée : « Et tout croît, et tout monte ! ». Le monde est vivace, il palpite, les éléments se répondent. « Les arbres muets », « l’Océan bleu », « tous les animaux » : tous se rencontrent et interagissent.
Rimbaud ressent une certaine nostalgie en décrivant ce monde, cette « Nature vivante », car cet univers n’existe plus. L’être humain, à présent, ne se nourrit plus de « la vie infinie » : « Misère ! Maintenant il dit : Je sais les choses, / Et va, les yeux fermés et les oreilles closes ». Le savoir sur la nature empêche l’homme moderne de la ressentir, d’être à son contact. Il regrette les anciens dieux : « Oh ! la route est amère / Depuis que l’autre Dieu nous attelle à sa croix ». Il rend en quelque sorte responsable le christianisme d’avoir privé les hommes des plaisirs du corps, d’être heureux, car le christianisme est une religion basée sur la culpabilité. Il souhaite renouer avec les dieux de la mythologie parce qu’ils incarnent la nature sous les trois formes qu’elle peut prendre, autrement dit le minéral, le végétal et l’animal : « Chair, Marbre, Fleur ». Le Dieu monothéiste, au contraire, est un Dieu où la Beauté est absente, c’est pourquoi Rimbaud veut croire en Vénus, déesse de l’amour et de la beauté. Penser le Dieu unique, c’est oublier le monde qui englobe l’humanité, c’est-à-dire la nature, et oublier les sensations et les expériences qu’elle suscite car la nature est sensation et non intellect ou retenue du corps. « Notre pâle raison nous cache l’infini ! », écrit-il dans les lignes que les Cahiers de Douai omettent.
L’homme, se privant d’un contact avec la nature, se prive par la même occasion de son mystère, donc de la vie. Car la vie est fondamentalement un non-sens et c’est pour cela que l’humanité persiste dans la vie. La mort, elle, est trop exacte. Le mystère fait vivre tandis que l’exactitude fait mourir, c’est pourquoi la nature est un lieu de secrets qui invite les hommes à persister en elle physiquement : « Le grand ciel est ouvert ! les mystères sont morts / Devant l’Homme, debout, qui croise ses bras forts / Dans l’immense splendeur de la riche nature ». La nature, lieu énigmatique, offre d’infinies possibilités à l’homme qui ne croise pas les bras, donc à l’homme qui ne la considère pas comme extérieure à lui. La nature chez Rimbaud a donc une place prépondérante. C’est une nature dynamique qui s’associe au rythme du poème où elle est une force créatrice et infinie. Avec ce poète, la nature est palpable, elle existe véritablement.
Par la voix du poète la nature s’insurge de sa condition honteuse et elle retrouve une époque perdue : Rimbaud lui redonne de la profondeur et du mystère car elle est la Mère des secrets, indispensable à notre survie sensuelle.
Le poète est celui qui prend le parti de la nature. Par son langage il sauvegarde le vivant, c’est pourquoi René Char écrit : « Le poète conservateur des infinis visages du vivant ». La poésie est vivante, dans le sens le plus profond dans la mesure où elle s’assimile à la nature : la poésie est nature et le poète est le conservateur de cette totalité.
Tout être humain participe à ce processus poétique qu’est la nature. Cette unité de la nature et de la poésie constitue une intuition d’Hölderlin. Le mouvement auquel il appartient cherche à travers la réunification de la poésie et de la philosophie l’idée exprimant la Totalité, l’absolu. Cependant il a une conception de la totalité originale, en effet il la considère comme vivante et temporelle, ce n’est donc pas une conception morte et abstraite. Il définit cela dans son roman poétique Hypérion avec l’expression de « l’Un différent de soi-même ». La nature chez Hölderlin est le nom de la totalité elle-même, autrement dit du processus entier qui fait naître les différences entre les éléments à l’œuvre dans l’univers.
Dans Hypérion, l’auteur essaye de retrouver l’unité perdue avec la nature car l’homme moderne fait l’expérience de la séparation avec la nature tandis qu’en Grèce antique les hommes étaient unis à elle. « Mettre fin à ce combat entre nous et le monde (…) nous unir avec la Nature en un Tout infini, tel est le but de toutes nos aspirations », écrit-il dans la préface qu’il ne publiera finalement pas, et plus loin : « nous ne serions rien nous-mêmes pour nous, si cette union infinie, si cet Être au seul sens du mot, n’existait pas ».
L’homme moderne a perdu la proximité vis-à-vis de la nature, c’est pourquoi Schiller écrit dans Poésie naïve et poésie sentimentale que les Grecs « sentaient naturellement » alors que nous, les modernes, « sentons le naturel ».
Mais la perte n’est en aucun cas définitive, elle doit conduire à une réconciliation avec la nature. En effet Schiller distingue trois étapes dans le déroulement de l’histoire humaine. La première étape est celle d’une hégémonie entre nature et culture qui est celle de la Grèce antique. La deuxième étape est celle où la nature se retourne contre la nature donc où elle perd contact avec le tout. Et enfin la troisième étape est celle de la réconciliation entre nature et culture, entre sensibilité et raison.
De même Hölderlin affirme dans les premières lignes d’Hypérion qu’il existe une identité entre l’état originaire de l’humanité et l’état de son accomplissement, autrement dit il fait un retour sur l’harmonie de son état d’origine. Dans le roman, Hypérion est habité par la nostalgie de l’état d’harmonie que constitue l’enfance. Ce monde oublié, constitué de l’Un et du Tout, « son nom est beauté ».
La beauté est une totalité qui inclut le fini et c’est à travers la poésie que nous faisons l’expérience de la beauté de la nature.
La poésie est ce qui a permis le passage de la nature à la culture et qui permettra le passage de la culture et la nature : « Ceux que tu attends reviendront, Nature ! Un peuple rajeuni te rajeunira, tu seras sa fiancée, et l’antique alliance des esprits sera renouée avec toi ». La poésie, beauté de l’esprit, permet d’être en relation avec la totalité, c’est-à-dire l’être, la nature, la beauté. La nature n’est pas une totalité déjà constituée mais une totalité vivante munie de puissances, qui se développe car « la source de la beauté éternelle n’est pas encore tarie », autrement dit la nature a une puissance créatrice qui dépasse absolument l’imaginaire humain.
La vie, même lorsqu’elle est mise à mal, se déploie avec une force incroyable. C’est pourquoi, la poésie, l’autre mot pour dire nature, a la capacité de nous rattacher à l’existence même des choses, leur aura. Car la poésie, c’est du vivant : « Comment ne pas se tourner alors vers la poésie ? Elle a – comme la vie – l’excuse de ne rien prouver » comme l’écrit Cioran dans Précis de décomposition. L’espoir est qu’une réconciliation entre la nature et la culture est possible et cela fera retrouver à l’homme son état originel, c’est-à-dire l’état où il était fondu avec le tout sans qu’il soit séparé de la beauté du monde. L’humanité fait partie du tout et elle y aspire car comme le dit Hypérion, « nous sommes tous issus de la même semence dorée » qui donne de l’énergie à tout être terrestre. L’humanité devait être séparée de la nature pour qu’elle puisse prendre conscience de la séparation avec elle et ensuite pour retrouver l’accord qui réconcilie nature et culture : « Les dissonances du monde sont comme les querelles des amants. La réconciliation habite la dispute, et tout ce qui a été séparé se rassemble. Les artères qui partent du cœur y reviennent : tout n’est qu’une seule vie, brûlante, éternelle ». La nature, puissance infinie, englobe tout, déploie son énergie avec une force débordante et les parties de cette totalité lui renvoient cette énergie. En définitive, tout participe du processus de la vie dans un échange mutuel.
Bibliographie :
Anthologie de la poésie française du XXème siècle, Editions Gallimard, 1983
Baudelaire Charles, Les Fleurs du mal, Editions Pocket, 2006
Benjamin Walter, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, Editions Gallimard, 2000
Char René, En trente-trois morceaux, Editions Gallimard, 1983 et 1995
Cioran Emile, Précis de décomposition, Editions Gallimard, 1949
Dastur Françoise, Hölderlin. Le retournement natal, Editions encre marine, 1997
Hölderlin, Hypérion, Editions Gallimard, 1957 et 1965
Homère, Iliade, Editions Albin-Michel, 1956
Hugo Victor, Les Contemplations, Editions GF Flammarion, 1995
Marcuse Herbert, L’Homme unidimensionnel, Editions de Minuit, 1968
Rimbaud Arthur, Poésies. Une Saison en enfer. Illuminations, Editions Gallimard, 1965
Rouillé André, La photographie, Editions Gallimard, 2005
Jean
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