Fête : faîte


Crédits : Unsplash (Alfred Aloushy)


Dans le regard il ne faut qu’un tout dans un peu afin de capturer l’inconnu et d’être médusé. …La tête sur un coussin, allongé, les yeux lourds, j’observe la Scène de beuverie de Galemin et surtout, cet homme aux habits blancs et rouges qui ne se tient plus… mais qui en redemande encore. Les jambes traînantes, le ventre gonflé, la gueule ouverte, son être illumine la pièce et sa présence hurlante suscite un rire, provoque un sourire, mais aussi l’incompréhension. Ses yeux divinement absents cherchent et rencontrent le plus haut, le plus élevé. Je l’entends chanter d’ici vulgairement et follement. L’ivresse est à la fois cette grotte perdue et cette cime inatteignable ; c’est côtoyer les profondeurs de notre âme tout en foulant le sommet du monde…

…A la fenêtre.

La pluie tombe à présent et je sens en moi cette envie folle de retirer mon t-shirt et de courir torse nu sous et à travers elle. Alors je me lance ! J’enlève mon t-shirt, j’ouvre ma porte, je commence à courir, je dévale les escaliers, je croise mon voisin (stupéfait !) et… me voilà enfin dehors ! Chaque goutte percutant mon visage est une sensation inédite ; chaque goutte est un ravissement et un secret pour ma chair. …Trempé, dégoulinant d’eau pure, je me sens vivre comme un être qui accepte et affirme ses sentiments. Je ne veux pas quitter cet enthousiasme total ! Donc je reste, si la pluie le veut bien.

Cet amour pour l’enivrant, pour ce qu’il y a de plus difficile à atteindre et à sauvegarder, se trouve être le parfum même de la beauté. La fête intérieure, ce concert violent des passions, ferme la porte de l’ennui et ouvre celle de la vie devenue possible.

La fête est un faîte subjectif.

 

Jean


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Dimanche 30 janvier 2022