Travailler en musique
Quand nous travaillons ou nous révisons, nous avons tendance à écouter de la musique. De plus en plus, des personnes autour de nous portent un casque sur les oreilles lorsqu’ils travaillent. Les raisons sont variables comme s’isoler du bruit, se donner du courage ou bien encore se détendre face à un état de stress.
Cette pratique divise tout de même. Il n’est pas rare d’entendre ses opposants mettre en exergue les difficultés d’attention. Selon eux, la musique nous détournerait de notre tâche et nous deviendrions moins efficaces de ce fait. Face à ces débats, la science s’est penchée sur le sujet : devons-nous écouter de la musique en travaillant ?
Depuis vingt ans, les sciences cognitives de la musique se sont intéressées aux effets de la musique sur le fonctionnement cérébral des sujets sains ou pathologiques. L’être-humain semblerait posséder des fonctions pré-équipées pour le traitement de la musique. La pratique musicale et, dans le cas de notre article, l’écoute musicale permettraient la mobilisation de certains aspects de la cognition, de la perception, de la motricité ou encore du réseau émotionnel. En effet, il existerait des liens importants entre les processus mobilisés par la musique et d’autres compétences mentales. Il semblerait donc que la musique influence nos fonctions émotionnelles, physiologiques et végétatives de l’organisme. En écoutant un morceau de notre choix, nous mettons en correspondance toutes ces fonctions et cela peut nous procurer un sentiment de bien-être. On aurait donc tendance à assimiler la musique à une drogue douce. Mais, les processus et les conséquences sont beaucoup plus complexes. En réalité, selon des études de Fukui et Toyoshima (2008), la musique aurait un impact sur des processus neuronaux jouant un rôle dans la plasticité cérébrale.
Dans son ouvrage, This is your brain in music, Daniel Levitin met en évidence le parasitage de la musique sur nos circuits actifs. Pour résumer, la musique viendrait perturber notre attention, notre cerveau ne serait pas focalisé sur ce qu’il a à faire mais aurait tendance à traiter de nombreuses informations. La musique étant complexe et riche en stimulus, notre cerveau serait en constante ébullition, empêchant une attention complète.
Mais, selon Hervé Platel, chercheur en neuropsychologie à l'Université de Caen, « la musique capte facilement notre attention : dès qu’il y a de la musique dans l’environnement, le cerveau se synchronise très naturellement ». La musique suit un rythme bien défini, qui inconsciemment pousse nos neurones de différentes zones cérébrales à se synchroniser. La musique permettrait donc de stimuler notre productivité mais aussi d’avoir un effet de relaxation. De plus, elle pourrait, comme évoquer précédemment, favoriser les connexions entre les synapses et donc stimuler notre capacité de mémorisation. De plus, des études menées dans des entreprises (Teresa Lesiuk) ont mis en évidence que la musique favoriserait les prises de décision et surtout la créativité. Lorsque nous écoutons de la musique qui nous plaît, les circuits de récompense (le plaisir) de notre cerveau sont mobilisés. La dopamine, l’hormone du bien-être ou du bonheur, est alors libérée. Cela diminuerait notre état de stress et d’anxiété, qui ont un impact néfaste sur notre concentration.
Cependant, toutes les musiques ne procurent pas cet effet de bien-être. En effet, la musique est très personnelle. Les effets sont donc dépendants de notre expérience, de nos goûts et de notre humeur. Selon la science, il faudrait privilégier la musique neutre voire instrumentale. En effet, le rythme et les périodes musicales permettent au cerveau de ne pas être distrait contrairement aux paroles. Le langage présent dans les chansons mobilise certaines zones de notre cerveau, notre attention est donc perturbée par le texte.
De plus, contrairement à ce que l’on croit, il ne vaut mieux pas favoriser une musique pleine d’énergie, car elle pourrait avoir l’effet inverse sur notre cerveau en le fatiguant et donc en diminuant la concentration. Il serait préférable de l’écouter à un moment de pause par exemple afin de redynamiser nos muscles, mais à la longue, elle mobiliserait trop de ressources cognitives et donc nous fatiguerait.
Travailler en musique serait donc un atout, les études sont nombreuses à le prouver. Il faut cependant bien choisir sa musique. A l’ère des différentes plateformes de streaming musical, nous avons accès à une diversité musicale sans précédent. Il ne faut donc pas hésiter à se créer sa propre playlist avec des chansons qui nous font plaisir. En plus de se détendre, cela nous rend plus efficaces au travail.
Marine
Bibliographie
Moussard, A., Rochette, F. & Bigand, E. (2012). La musique comme outil de stimulation cognitive. L’Année psychologique, vol. 112(3), 499-542. https://doi.org/10.4074/S0003503312003077