La France : un retour au souverainisme?


 
Claudio SchwarzLigne de crédit : Unsplash

Claudio Schwarz

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L’État possède une fonction régulatrice, c’est d’ailleurs sa principale fonction. Il impose ses lois au peuple français, pour maintenir un certain équilibre. Il est par définition, le souverain d’une nation comme le souligne Rousseau : "il est de l'essence de la puissance souveraine de ne pouvoir être limité, elle peut tout ou elle n'est rien." Le souverain est celui qui contrôle, ce terme souvent évoqué de façon péjorative, est une nécessité pour l’État. Aujourd’hui, par les nombreuses situations critiques qu’a connues la France, nous pouvons constater une présence très partielle de la souveraineté nationale. L’Etat français est incontestablement dépendant des autres États, notamment des États européens. Il n’est plus capable de réagir pleinement et dans un même temps de protéger correctement sa population. Cela est pourtant son objectif majeur même si le rapport avec cette dernière est évidemment complexe.

 Le rapport entre l'État et sa population est assez ambigu, il fait souvent l'objet de revendications contradictoires telles que la nécessité de la protection de la citoyenneté et en parallèle, la demande d’une intervention très modérée de l’État dans la vie privée des citoyens. On demande alors à l'État de nous aider, de nous protéger mais, dans le même temps, de nous laisser une certaine liberté et de diminuer les contraintes. Un État maître de ses actions, capable d’agir pour sa population est un très bon facteur de paix dans la société internationale.

Ici le mot souveraineté est souvent mal compris, en effet, juridiquement parlant l’État est souverain de par sa nature. Il ne peut y avoir d’autres souverains que lui, l’État est au sommet de la hiérarchie, il a la compétence de sa compétence. Il ne peut être privé de sa souveraineté, il a autorité sur son territoire et sur sa population. C’est d’ailleurs ce qu’affirme Gilles Andréani, professeur associé à l’Université Panthéon-Assas, dans son article sur ThucyBlog, intitulé « Vous avez dit souveraineté ? » Il écrit dans celui-ci : « le contrôle, l’indépendance ou l’autonomie qu’il s’agit de reprendre relèvent de l’ordre relatif des intérêts et de la puissance, non des exigences de liberté et d’égalité en droit des États à quoi s’identifie le principe de souveraineté dans l’ordre international. » L’État peut donc déléguer des compétences, il peut être moins indépendant dans le but d’obtenir moins de charges et ainsi de bénéficier des services des autres pays. C’est l’État français, en tant que souverain qui le veut, le souverainisme est donc déjà présent de ce fait.

Ainsi un grand nombre de français ne souhaitent non pas un retour du souverainisme mais un retour à l’indépendance et à l’autonomie de l’État français. La délégation peut se montrer bancale comme nous avons pu le voir avec la crise sanitaire. L’État était obligé d’acheter des masques en Chine car la production française était très insuffisante du fait des délocalisations notamment. Il n’a donc pas su protéger rapidement les français et a dû verser une somme conséquente pour l’achat de ces masques provenant d’Asie. En effet, la Chine possède le monopole de la production de masques et fixe son prix comme bon lui semble : « La Chine joue aux échecs, très bien du moins » Michel Onfray, philosophe et essayiste français.

N’ayant plus de véritable autonomie, la France ne peut décider totalement et est dépendante des autres puissances qui exercent certaines compétences comme elles le souhaitent.

L’idée d’un retour à la souveraineté de l’État, est une idée très populaire en France notamment après la crise sanitaire. Une grande partie des français la revendiquent, ils en ressentent véritablement le besoin. De nombreux personnages politiques, de partis différents tels que M. Mélenchon, M. Bayrou, M. Vallaud, Mme. Le Pen ou encore Mr. Macron souhaitent ce retour à la souveraineté même si leur conception de celle-ci est certainement divergente. Cela nous montre bien cette envie forte d’une partie de la population, d’un retour du souverainisme.

L’État doit pouvoir s’auto-alimenter, c’est en cela que la situation est préoccupante et que les individus veulent un changement. L’indépendance plus ou moins totale de l’État français permettrait un potentiel accroissement de la puissance étatique et non pas une dégradation ou un affaiblissement de l’État français.

Si la France ne possède plus cette réelle autonomie, c’est en partie dû au libéralisme. Le souverainisme et le libéralisme s’opposent, ce sont deux notions bien distinctes. Le libéralisme appelle à la délégation des États, il souhaite créer un réseau très large, « une sorte d’État planétaire » d’après les dires de Michel Onfray, rendant alors les États dépendants les uns des autres. Le souverainisme, quant à lui, prône l’indépendance de l’État sans pour autant renoncer aux relations internationales que cela soit dans le domaine politique ou encore économique. Il y a là une nécessité de reconsidération, d’un retour à la préférence nationale sans pour autant avoir une politique protectionniste drastique. L’État doit permettre aux français de posséder un emploi, un foyer et de bonnes conditions de vie. Il doit prendre les décisions lui-même. Tant qu’il sera dépendant, l’État ne pourra garantir le bien vivre des français. Le rôle de l’État est avant tout de protéger sa population ainsi que de leur assurer de bonnes conditions de vie. Il semble alors nécessaire que l’État soit véritablement souverain.

 

Sacha Nizet