#sciencespo
Non, vous avez bien lu : #sciencespo. Cet article est le fruit de ma réflexion personnelle en tant qu’étudiant de Sciences Po et non représentatif des positions de notre journal.
Pour résumer les faits qui me conduisent à vous proposer une analyse subjective, ces dernières semaines ont vu des témoignages d’agressions sexuelles et de viols par des étudiantes et étudiants des Instituts d’Études Politiques français se diffuser sur divers réseaux sociaux. Certains d’entre eux dénoncent l’inaction et la complicité des administrations, des personnels enseignants voire des associations étudiantes. C’est le principe même des écoles qui est ainsi accusé de protéger et de former des violeurs et des détraqués sexuels. Je ne suis pas d’accord.
Il convient tout d’abord de comprendre les implications des structures condamnées.
La plupart des témoignages souligne que lors de signalements à l’administration de l’école, des personnels administratifs ont préféré temporiser les situations afin de ne pas éclabousser l’établissement et sa réputation. Ces comportements doivent trouver deux explications. D’une part, certains membres de l’administration ont fait preuve de lâcheté et d’irresponsabilité pour des motifs purement irrationnels. Ces comportements ne sont pas acceptables et nécessitent un licenciement ainsi que l’engagement de poursuites judiciaires. D’autre part, il faut bien comprendre que les administrations ainsi que les commissions disciplinaires doivent respecter les procédures fixées par le Code de l’Enseignement supérieur. Des témoignages, des preuves ainsi que la participation des victimes sont nécessaires pour obtenir des mesures efficaces et permettre de recourir ensuite à la justice.
Les associations étudiantes et les évènements qu’elles organisent sont également visés par les témoignages et sont alors considérés responsables de cette protection de criminels. Là encore, il apparaît que certaines pratiques et personnes soient responsables de la couverture de ces actes. Mais il ne faut toutefois pas oublier que l’objectif du monde associatif étudiant est d’offrir une multitude d’expériences intellectuelles et concrètes aux étudiantes et étudiants. L’esprit de groupe voire celui de « corps » n’est donc pas fondamentalement propice à des comportements malsains. C’est encore une fois le fait d’une minorité qu’il faut alors cibler et exclure afin de protéger la vie des étudiants et celle des associations.
Quels comportements faut-il alors adopter afin de trouver des solutions efficaces et à long terme d’éradiquer la possibilité de ces situations ?
Tout d’abord, il faut renforcer la communication de tous les moyens légaux et administratifs possibles. Trop souvent, ces moyens sont méconnus, les commissions permanentes mises en place au sein des I.E.P. et des universités ainsi que les personnes compétentes semblent inaccessibles pour la communauté étudiante. Leur saisine et les contacts nécessaires doivent être ainsi rappelés régulièrement, au cours d’évènements, voire être inscrits dans les séminaires d’intégration de manière à sensibiliser et à alerter.
Ensuite, il est indispensable que les responsables des associations soient formés et sensibilisés de manière institutionnelle et pratique à la gestion de témoignages et aux comportements à adopter face à des situations d’agression. Il est dangereux de mettre fin à des évènements associatifs sous prétexte que ces derniers ne soient pas assez sécurisés pour toutes et tous : ce serait une défaite de plus face à ces comportements malsains. Il faut au contraire les repenser, les réorganiser et faire en sorte qu’ils soient les plus respectueux possibles.
Enfin, il est nécessaire d’appliquer une sévérité adéquate aux sanctions de ces crimes. Même si le concept de justice punitive peut faire débat, les agressions sexuelles et les viols sont des cancers pour notre société, et doivent donc être éradiqués avec la plus grande fermeté. Une fois que la culpabilité de l’agresseur ne fait plus aucun doute, ce dernier doit être mis à l’écart de notre société afin d’essayer de les rééduquer. Et l’institution des I.E.P. ne doit pas échapper à cet objectif. Les membres (anciens et actuels) des Sciences Po ayant été reconnus coupables de tels crimes doivent être fermement condamnés par l’administration et l’ensemble de la communauté étudiante. Ils ne doivent pas pouvoir faire l’objet d’une quelconque reconnaissance afin de respecter les souffrances des victimes et d’assurer la crédibilité de l’ensemble des I.E.P. de France.
J’espère vous avoir convaincus que considérer l’institution des I.E.P. comme responsable de la formation d’une culture du viol peut être à la fois ridicule et dangereux. Ce problème de société gagne certes une autre dimension car Sciences Po est un cursus vers des postes à responsabilités. Mais il ne faut pas négliger les personnes au sein de l’administration et les initiatives qui cherchent toujours à rendre cette formation d’excellence plus humaine.
Pierre Jouin