Royaume juif


 
Auteur : Fahd AhmedLigne de crédit : Unsplash

Auteur : Fahd Ahmed

Ligne de crédit : Unsplash


Avant toutes supputations, il convient de préciser que ce qui suit n’est en aucun cas une prise de position dans la question israélo-palestinienne. Le titre pourrait être un sulfureux moyen de remettre en cause les actions israéliennes à l’encontre des Palestiniens ou au contraire de soutenir la légitimité d’Israël. Mais le sujet, bien que fondamentalement lié avec la situation actuelle, concerne une époque plus lointaine.

 

 

Des juifs dans la péninsule arabique ?

 

Dans l’imaginaire répandu et pour certains programmes d’histoire quelques peu douteux, le prophète Mohammed débute le djihad dans l’actuelle Arabie Saoudite en unifiant une myriade de tribus païennes par la conversion forcée à l’Islam. Il est également entendu que la plus « jeune » des trois grandes religions monothéistes s’inspire des deux précédentes, à savoir le judaïsme puis le christianisme. Mais, comment expliquer cette filiation ?

 

La vérité est que des royaumes juifs et chrétiens existaient bien avant la conquête musulmane des VIe et VIIe siècles selon le calendrier chrétien. La tradition manuscrite souligne ainsi l’existence d’un royaume de Himyar, situé dans l’actuel Yémen. Du IIIe au Ve siècle, ce royaume va soumettre les royaumes polythéistes de la partie méridionale de la péninsule mais également les monarchies chrétiennes africaines sur le littoral de la Mer Rouge.

 

Sauf qu’à partir de 380, des manuscrits et des inscriptions sur des temples relatent le culte d’un "Seigneur du ciel et de la terre" en écriture hébraïque ! Un royaume monothéiste juif est donc établi à la fin du IVe siècle et s’étend sur les contours du golfe arabo-persique.

 

La puissance économique liée au commerce et aux politiques de conquêtes permet à cet empire d’assurer son influence sur la péninsule arabique et à diffuser la culture hébraïque.

 

 

Unité culturelle contre minorités : un miroir dans le présent ?

 

Ce qui ressort également des traditions écrites et des fouilles archéologiques, c’est une persécution religieuse de grande ampleur. En effet, pendant les 150 ans de règne des souverains juifs, les conquêtes militaires se sont accompagnées de conversions forcées et de traque des cultes païens et chrétiens.

 

Cette occupation militaro-religieuse va concentrer les colères et les rébellions au sein de l’empire. Les tribus polythéistes déstabilisent ainsi le pouvoir central par des activités de razzias. Mais ce qui va véritablement asséner le coup de grâce au royaume hymiarite, ce sont les communautés chrétiennes.

 

Ces dernières sont en effet particulièrement « remuantes » et alimentent de nombreux troubles des deux côtés de la Mer Rouge. Ainsi, lorsque le royaume éthiopien d’Aksum entreprend la déstabilisation politique et l’invasion du royaume, de nombreux fonctionnaires et chefs militaires d’origine chrétienne se retournent contre la dynastie juive.

 

Un royaume juif ne prenant pas en compte les aspirations des minorités religieuses alors qu’il est entouré de royaumes rivaux partageant la même religion que les communautés ? Une situation improbable pour sûr…


Pierre Jouin