Le pétrole en Arctique
Négligé après la chute de l'URSS, dans les années 90, l'Arctique fait dorénavant figure d'Eldorado. Son potentiel suscite des convoitises à mesure que certaines richesses planétaires s'épuisent. Au point que s'y joue une lutte d'influence inédite depuis la fin de la Guerre froide.
L'Arctique est la région entourant le pôle Nord de la Terre, à l’intérieur et aux abords du cercle polaire arctique. Elle comprend huit pays soit : la Norvège, la Suède, la Finlande, la Russie, les États-Unis, le Canada, le Danemark et l'Islande. Ces huit pays forment le Conseil de l'Arctique. L’Arctique est très convoitée, prisée du fait de ses nombreuses ressources, en particulier le pétrole.
Le pétrole est une roche liquide d'origine naturelle, une huile minérale composée d'une multitude de composés organiques, essentiellement des hydrocarbures, piégée dans des formations géologiques particulières. L'exploitation de cette source d'énergie fossile et d'hydrocarbures est l’un des piliers de l’économie industrielle contemporaine, car le pétrole fournit la quasi-totalité des carburants liquides : fioul, gazole, kérosène, essence, GPL ; tandis que le naphta produit par le raffinage est à la base de la pétrochimie, dont sont issus un très grand nombre de matériaux usuels : plastiques, textiles synthétiques, caoutchoucs synthétiques, détergents, adhésifs, engrais, cosmétiques, etc. ; et que les fractions les plus lourdes conduisent aux bitumes, paraffines et lubrifiants.
L'océan glacial Arctique en particulier est identifié comme fertile en hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) depuis des décennies ; certains gisements y sont déjà exploités, le plus connu étant celui de l'Alaska. En 2007, seule une étroite bande côtière est exploitée, mais la fonte continue de la banquise autorise de nouvelles ambitions. Alors que les opérations d'intimidation ont déjà commencé, il est utile de s'intéresser à l'estimation des volumes d'hydrocarbures récupérables dans cette zone, et d'identifier quels pays vont en bénéficier.
La question qui se pose est la suivante : Le pétrole fait-il de l’Arctique un Eldorado ? Est-ce un mythe ou une réalité ?
Nous verrons dans un premier temps l’importance des ressources et particulièrement celle du pétrole en Arctique ; puis nous mettrons en exergue les divers défis, incertitudes et tensions de cette région liés à ses ressources ; enfin nous poserons les différentes stratégies étatiques concernant les ressources de l’Arctique.
1- L’importance des ressources, notamment celle du pétrole en Arctique
1.1- Présentation de la situation
Lorsque la calotte glaciaire du pôle Nord fond sous l'effet du réchauffement climatique, cinq pays [la Russie, la Norvège, le Danemark (Groenland), le Canada et les États-Unis (Alaska)] se précipitent pour cartographier cette vaste étendue sauvage qui s'ouvre et justifier leurs revendications territoriales ; car elle pourrait receler d’un quart du gaz et du pétrole inexploités de la terre. La plus grande partie de ces ressources se situerait sur les plateaux continentaux peu profonds. Les dépôts se sont formés à partir des algues et du plancton qui abondaient il y a plus de 100 millions d'années, quand le climat de la planète était plus chaud.
L'United States Geological Survey (USGS) estime à 90 milliards de barils de pétrole et 47 billions de mètres cubes de gaz naturel les réserves inexploitées au-dessus du cercle arctique, pour la plupart en mer ; soit 13 % des réserves de pétrole non exploitées et 30 % du gaz naturel non exploité de la planète. Mais la majeure partie de l'Arctique restant inexplorée, le rapport de l'USGS est, par définition, une étude théorique, fondée sur des analogies et des hypothèses géologiques. Il recourt très peu aux données sismiques récentes recueillies par les compagnies pétrolières qui sont les spécialistes les plus aptes à évaluer les promesses de l'Arctique.
Moins optimistes, d'autres rapports semblent indiquer que l'Arctique recèle d’une forte quantité de gaz mais beaucoup moins de pétrole, qui se trouverait surtout près des rivages.
Si le pétrole est si prisé c’est parce qu’il est le plus gros commerce international de matières de la planète en valeur et en volume, il a un poids important sur les équilibres commerciaux. Les grands pays producteurs disposent de recettes telles que leurs gouvernements ont souvent un excédent public à placer, qui leur donne un poids financier important.
Les fluctuations du prix du pétrole ont un impact direct sur le budget des ménages, donc sur la consommation dans les pays développés. Elles influent aussi, sur le prix d'une grande part des biens et services, car la plupart sont produits en utilisant du pétrole comme matière première ou comme source d'énergie.
1.2- Localisation du pétrole et villes champignons
Avec le début de l’intensification de l’exploitation du pétrole, on voit apparaitre des « villes champignons » ; ce sont des villes qui connaissent une croissance démographique et économique rapide et soudaine. Ce phénomène de croissance est généralement lié à la découverte, à proximité, d’un gisement de matière première précieuse, comme l’or, le pétrole, l’argent.
Ici le pétrole est bien évidemment la cause de leur création comme de nombreuses villes en Russie en Sibérie Occidentale : Nijnevartovsk, Nefteïougansk par exemple. Principalement, les villes champignons se situent sur le littoral, en effet les gisements de pétroles sont en grande partie concentrés sur ce type de site. Ainsi on trouve de nombreuses villes champignons à proximité des mers de l’Arctique que ce soit en Russie, aux E-U et autres pays encore.
Nefteïougansk est une ville récente. Elle est apparue en 1961 sur l'emplacement d'un campement ouvrier créé près d'un gisement de pétrole découvert un an auparavant.
Jusqu'à présent l'industrie du pétrole reste le plus gros employeur de la ville. La ville était un des principaux sites de la compagnie pétrolière Loukos, reprise en 2004 par la société d'État Gazprom après que son patron eut été poursuivi et mis en prison pour fraude fiscale.
D’autres villes, déjà créées, se développent de façon considérable grâce à la présence des gisements de pétrole récemment exploités comme Sourgout, qui est l'une des plus anciennes villes de Sibérie. Elle a été créée sur l'ordre du tsar Fedor Ier en 1594.
Le développement de Sourgout s'est produit vers 1960, alors qu'elle devient un centre de production de pétrole. Sourgout accéda au statut de commune urbaine en 1958 puis à celui de ville en 1965. Cette création de villes champignons et l’exploitation massive du pétrole dans les pays riverains va progressivement attirer de nombreux acteurs.
1.3- Questionnement concernant l’eldorado
Les médias mettent beaucoup l’accent sur l’eldorado que constituerait l’Arctique en matière de ressources, et nombre de pays comme le Japon ou la Chine ne cessent de justifier leur intérêt pour la région et de revendiquer une place d’observateur au sein du Conseil de l’Arctique.
Les réserves de pétrole en Arctique représentent environ sept ans de consommation mondiale de gaz, et trois ans pour le pétrole: elles ne sont pas non plus considérables et ne sauraient se substituer aux gisements du Moyen-Orient. Les estimations des réserves exploitables dans la région ont fait l’objet d’un enthousiasme excessif : plusieurs compagnies d’exploration font valoir que les gisements découverts à ce jour sont difficiles à exploiter et contiennent beaucoup de gaz et moins de pétrole que prévu. De plus, près de 95 % de ces ressources se trouveraient en deçà des 200 mn, donc dans les zones économiques exclusives (ZEE) que personne ne conteste, ce qui limite la portée des litiges sur les plateaux continentaux étendus. Il est néanmoins certain que d’importants gisements d’hydrocarbures restent à inventorier au nord-ouest de l’archipel canadien, à l’est du Groenland et dans les mers arctiques sibériennes.
De plus, malgré les changements climatiques, l’exploitation des ressources demeure très coûteuse et difficile. Certes, la banquise fond et rend la navigation plus aisée, mais elle est aussi plus mobile et exerce parfois plus de pression sur les plates-formes. Sur terre, la fonte du pergélisol et le raccourcissement de la durée des routes de glace rendent la logistique plus compliquée qu’autrefois. Les multiples reports de la mise en exploitation, les changements de plans sont la preuve de la difficulté d’établir la rentabilité de gisements dans la région, et de la très forte dépendance de ces entreprises envers les cours mondiaux des ressources. En effet, bien davantage que les changements climatiques, ce sont les cours élevés des matières premières qui encouragent celles-ci à se lancer dans des projets arctiques ; les fluctuations de ces cours sont parfois des barrières rédhibitoires. En Arctique, l’exploitation du pétrole est bel est bien un fait, qui s’intensifie depuis ces dernières années.
2- Des risques et des tensions…
2.1- Réchauffement climatique : potentialité ?
Les futurs possibles de l’Arctique pétrolier oscillent entre apocalypse et avenir radieux. D’ores et déjà, on a la quasi-certitude que l’industrie des hydrocarbures s’intensifiera de plus en plus dans la région, dans un contexte de changements environnementaux liés au réchauffement climatique. Les recherches sur les impacts de ce processus en cours se multiplient concernant les écosystèmes naturels ou encore la santé des résidents de l’Arctique, surtout les autochtones. Elles sont encore très rares pour les activités industrielles et les populations allochtones. Or, exploration, extraction, acheminement et villes seront affectés, tantôt positivement, tantôt négativement, si bien que la balance demeure imprévisible.
2.2- Les risques et leurs impacts
En effet, la combustion du pétrole libère dans l’atmosphère d’autres polluants, comme le dioxyde de soufre, mais ceux-ci peuvent être maîtrisés, notamment par la désulfuration des carburants ou des suies. On estime cependant que si le pétrole est plus polluant que le gaz naturel, il le serait nettement moins que le charbon et les sables bitumineux.
L’extraction pétrolière elle-même n’est pas sans impact sur les écosystèmes locaux même si, comme dans toute industrie, les risques peuvent être réduits par des pratiques vigilantes. Néanmoins, certaines régions comme l’Arctique sont plus ou moins fermées à l’exploitation massive du pétrole, en raison des craintes pour les écosystèmes et la biodiversité. Enfin, les fuites de pétrole et de production peuvent être parfois désastreuses, l’exemple le plus spectaculaire étant celui des marées noires notamment en Arctique, ou encore celui des pollutions dues aux vols de pétrole dans le delta du Niger (cf. Énergie au Nigeria). Les effets des dégazages ou même ceux plus “cachés” comme l’abandon des huiles usagées sont loin d'être négligeables.
En Arctique, les catastrophes liées au pétrole sont très importantes comme l’illustre parfaitement la catastrophe du 24 mars 1989 : l’échouement du pétrolier Exxon Valdez, au large des côtes de l’Alaska, qui a entraîné l’un des pires déversements de pétrole de l’histoire. Alors qu’il avait dévié de sa route initiale, avec la permission des garde-côtes, le pétrolier – qui transportait 180 000 tonnes de pétrole brut – devait corriger son cap, une étape délicate qui doit être exécutée par le commandant. Toutefois, celui-ci s’était absenté quelques minutes plus tôt, laissant la tâche à un troisième officier. Sans avoir repris son cap, l’Exxon Valdez a heurté un haut-fond, ce qui a ouvert une brèche dans la coque, laissant échapper 40 000 tonnes de pétrole brut dans l’eau. La marée noire a pollué 800 kilomètres de côtes, et son nettoyage a nécessité la mobilisation d’un millier de personnes, ce qui a provoqué de nombreuses réactions d’acteurs en particulier des ONG.
2.3- Des tensions multiples
Souvent présentée comme un modèle en matière d’éthique, notamment dans la gestion de son énorme fonds souverain, très sélectif dans ses critères d’investissements, la Norvège se retrouve aujourd’hui face à ses contradictions.
Deux organisations de défense de l’environnement ont annoncé avoir porté plainte contre elle pour protester contre l’autorisation de la prospection pétrolière dans les eaux arctiques de la mer de Barents.
La branche nordique de Greenpeace et l’ONG norvégienne Natur og Ungdom (« Nature et Jeunesse ») estiment que le gouvernement norvégien a violé l’accord de Paris sur le climat ainsi que la Constitution du pays en attribuant de nouvelles licences d’exploration dans l’Arctique.
« Nous ferons valoir que le gouvernement norvégien a une obligation de tenir ses promesses climatiques et nous invoquerons le droit du peuple à un environnement sain pour notre génération et les suivantes » garanti par l’article 112 de la Constitution norvégienne, a déclaré Ingrid Skjoldvaer, porte-parole de Natur og Ungdom, dans un communiqué commun des deux ONG. La Norvège a été l’un des premiers pays à ratifier l’accord de Paris qui a pour ambition de limiter en dessous de 2 °C, voire à 1,5 °C, la hausse des températures.
« Signer un accord international sur le climat tout en permettant des forages pétroliers dans l’Arctique est un acte dangereux d’hypocrisie », juge Truls Gulowsen, responsable de Greenpeace Norvège.
D’autres tensions sont à évoquer comme l’ambition d’agrandir ses zones économiques exclusives (ZEE).
En effet depuis le tout début du XXe siècle, le pétrole est devenu une donnée essentielle de la géopolitique. La dépendance des pays développés envers cette matière première est telle que sa convoitise a déclenché, ou influé sur le cours de plusieurs guerres ; les guerres civiles sur fond de gisement pétrolier ne se comptent plus. L’approvisionnement en pétrole des belligérants a plusieurs fois influé sur le sort des armes, comme lors des deux guerres mondiales.
Le discours largement relayé sur l’abondance supposée des ressources naturelles arctiques a conforté l’idée selon laquelle la définition des espaces de souveraineté maritimes se résumerait à une course pour l’appropriation des espaces maritimes arctiques.
Lorsqu’en août 2007, un sous-marin russe a planté un drapeau au fond de l’océan Arctique, au pôle Nord, il s’agissait d’appuyer la revendication de Moscou sur son espace économique dans la région. Pourtant, le geste n’a aucune portée légale, car la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (1982) a déjà établi les procédures pour affirmer sa souveraineté économique sur les plateaux continentaux.
En effet, la Convention attribue à chaque pays une ZEE de 200 mn (360 km) à partir de ses côtes. Dans cette zone, un navire étranger peut circuler librement, mais l’Etat conserve sa souveraineté sur toute activité économique dans la mer (pêche) comme sur les fonds marins (extraction minière). De fait, une bonne partie de l’océan Arctique est déjà passé sous le contrôle économique exclusif des pays riverains, car personne ne conteste le principe des ZEE.
Une fois la Convention ratifiée, les États disposent de dix ans pour déposer leur revendication sur des plateaux continentaux étendus. Le Canada a ratifié ce traité en 2003 et avait donc jusqu’en 2013 pour monter son dossier, ce qu’il a fait juste avant l’échéance. Le Danemark avait ratifié en 2004, il avait donc jusqu'à la fin de 2014 pour faire connaître ses revendications, échéance honorée également. Ces délais sont imprescriptibles et l’ordre dans lequel les revendications sont déposées n’a pas d’impact : les premiers à revendiquer ne sont pas les premiers en droit. Or, pour faire valoir ses revendications, il faut documenter son dossier, d’où l’empressement à monter de nombreuses missions géologiques pour appuyer les points de vue. C’est donc avant tout ici une course contre la montre.
3- Des stratégies étatiques différentes
3.1- La Norvège et la Russie exploitent massivement le pétrole
La Russie avec l'Arabie saoudite sont les deux géants en termes de dotation totale en pétrole (somme de la production passée et des réserves restantes). Le pétrole a joué un rôle important dans l'histoire soviétique. Le pays possède par ailleurs de loin les plus grandes réserves de gaz naturel au monde. La Russie est donc le premier producteur et exportateur de pétrole et de gaz au monde.
La production de pétrole russe s'était effondrée à la chute de l'URSS, et n'atteignait plus que 6 000 000 barils par jour (Mbbl/j) de 1994 à 1999, date à laquelle commença un rebond spectaculaire, pour atteindre 10 000 000 barils par jour aujourd'hui. Cette hausse de la production s'appuie sur la modernisation des techniques d'exploitation, car il y a peu de nouveaux gisements. Il est difficile de dire si elle sera durable.
L'extraction des énergies fossiles constitue l'épine dorsale de l'économie norvégienne. Selon l'AIE, le pétrole constituait en 2009 : 22 % du produit intérieur brut, 47 % de ses exportations, 26 % des investissements et 27 % des revenus du gouvernement. Cependant la Russie n’agit pas toujours seule, en effet la Russie et la Norvège, les deux plus gros producteurs européens d’hydrocarbures, forment une coentreprise pour exploiter les richesses du plateau continental arctique.
En mai 2012, Statoil et Rosneft ont scellé leur alliance stratégique à travers une coentreprise, dominée par le groupe russe (66,67% des parts, contre 33,33% pour le groupe norvégien). Le moment est venu de mettre en œuvre leurs plans de mise en valeur d'un gisement dans la mer de Barents (zone Arctique) et trois autres dans la mer d'Okhotsk (Extrême-Orient russe). Le gouvernement norvégien se dit prêt à commencer le forage des puits d’exploration dans la zone jadis contestée par la Russie et la Norvège dans le Sud-Est de la mer de Barents, et dont une partie est revenue à Oslo aux termes d'un accord conclu en 2010. La Norvège estime qu'outre la découverte d'une nouvelle province pétrolière et gazière, le projet encouragera fortement l’essor des rapports bilatéraux. Certains experts russes disent qu’aux termes de l’accord conclu sur la frontière maritime entre les deux pays, la partie la plus riche en hydrocarbures est allée précisément à la Norvège. Quoi qu’il en soit, les groupes russe et norvégien se basent sur les réalités présentes même si peu de solutions sont prises sur la dégradation de l’environnement et même si ces pays écoutent peu les populations locales.
Dans un avenir prévisible, l'Arctique est une région prometteuse en matière d'extraction de matières premières énergétiques, au nom de l'essor de l'humanité, est persuadé le chef du Fond de la sécurité énergétique nationale, Konstantine Simonov.
3.2- E-U et Alaska : quelle place en Arctique ?
La stratégie des Etats-Unis se base quant à elle fortement sur l’opinion publique, mais la difficulté se place alors dans le double-jeux croisant intérêt économique et protection de l’environnement ; comme le rappelle Barack Obama en 2013 « Notre esprit pionnier est naturellement attiré vers cette région pour les opportunités économiques qu’elle présente et en reconnaissance de la nécessité de protéger et de préserver cet environnement unique, précieux et changeant ».
Dans le jeu de l’influence, les Etats-Unis ont joué un coup majeur en donnant leur autorisation au groupe pétrolier Européen Shell de forer à la recherche de ressources en Arctique. Cette manœuvre leur fût bénéfique en tout point. En effet, Shell a subi dès lors la colère des ONG environnementales, et dût investir très fortement pour déployer la technologie nécessaire au forage Arctique (environ 895 millions de dollars), mais surtout jouer le rôle d’éclaireur dans cette recherche, élément essentiel au vu de l’abandon de ce programme quelques mois plus tard à cause de la pression sociétale, des difficultés à forer au vu du climat très dur, de l’éloignement et du manque de ressources exploitables suffisantes découvertes.
Malgré sa nouvelle présidence du conseil de l’Arctique et sa forte politique d’influence, les Etats-Unis souffrent d’un retard conséquent dans la course vers l’Arctique sur deux points : Premièrement, leur flotte de brise-glaces se réduit au nombre de trois vieux bâtiments, dont un seul capable de traverser le pôle Nord toute l’année (aucun à propulsion nucléaire). Barack Obama a souligné en Septembre 2015 l’accélération de la construction d’un nouveau navire à propulsion nucléaire afin de pallier ce manque. Cette manœuvre est essentielle mais fait pâle figure face à la flotte russe. Enfin, face à la militarisation intensive menée par la Russie en Arctique, les Etats-Unis ont lancé une forte politique de déploiement armé par l’intermédiaire de bases navales et aériennes sur le territoire, sur ce sujet également ils souffrent de leur retard malgré leur force de frappe sans équivalent.
3.3- Autres pays intéressés par cet espace stratégique qu’est l’Arctique
D’autres pays ne faisant pas parti de l’Arctique sont également intéressés par cette région.
En effet, la Chine dans ce contexte de course vers l’Arctique se positionne tout autrement que la Russie et les Etats-Unis en partant d’une différence majeur : Elle n’est pas frontalière avec l’Arctique, et ne bénéficie donc aujourd’hui que du statut d’observateur dans le Conseil de l’Arctique. Malgré ce handicap, la Chine y trouve des intérêts économiques stratégiques importants, le plus important étant l’ouverture des passages commerciaux Nord.
La Chine a en effet engagé depuis une dizaine d’années une vaste stratégie de positionnement en Arctique, dont l’Islande a longtemps été l’axe central.
La Chine, voit la moitié de son produit intérieur brut dépendre du trafic maritime, elle considère la route du Nord-Est, le long des côtes russes, et le passage du Nord-Ouest comme des voies de substitution au canal de Suez ou à celui de Panamá. Par le passage du Nord-Est, le trajet Rotterdam-Shanghaï serait réduit d’un quart, soit d’environ 5 000 kilomètres. L’enjeu majeur se situe donc dans le contrôle douanier de ces passages, source substantielle de puissance économique. Le pétrole qui lui aussi est source de puissance économique est prisé par les chinois, qui aimeraient l’exploiter afin d’obtenir une source de revenus important. L’Europe a également des vus sur cette région et essaye de s’intégrer tout comme la Chine.
L’Arctique voit son environnement se dégrader progressivement avec l’exploitation croissante de son pétrole ainsi que de son gaz naturel. Economiquement, ce pétrole est bénéfique pour les FTN et plus particulièrement pour les Etats de l’Arctique comme la Russie. Le développement économique du pays en question lui donne ainsi du pouvoir et de l’influence sur la scène internationale. L’exploitation de pétrole est donc primordiale pour ces pays, elle semble même plus importante que la protection de l’environnement dans certains cas. Cependant des organisations étatiques ou encore des ONG défendent l’environnement de l’Arctique, dégradé par l’exploitation du pétrole. La notion d’eldorado serait alors à remettre en question dans certaines mesures.
Sacha Nizet