Parlons du monde de cet été
Toute l’équipe du Parrhèsiaste est heureuse de vous retrouver après notre trêve estivale. Écrire, échanger et informer, voilà ce qui continuera à nous motiver pour vous proposer du contenu de qualité et vous pousser à réfléchir au monde d’hier et d’aujourd’hui, sans oublier de penser à celui de demain.
Et quoi de mieux que de faire un tour d’horizon du vaste monde au crépuscule de cet été 2021 pour bien comprendre les mois qui s’annoncent ?
Promis, le sujet principal ne sera pas la pandémie : nous ne voudrions pas devenir un média « traditionnel » …
SUMMER BODY
Ce titre aussi indélicat qu’anglais reflète pourtant une importante réalité de nos sociétés actuelles. Les périodes estivales (ou en tout cas les mois de juin, juillet et septembre du calendrier grégorien) sont propices à la consommation du sport. OUI consommation, et pas seulement pratique, parce que les bonnes résolutions du footing du matin côtoient vite les heures passées à regarder l’épreuve olympique de saut en longueur.
Des Jeux particuliers…
Vous l’avez deviné, comment parler de l’été sans mettre en avant les Jeux Olympiques, édition 2020, qui se sont tenus à Tokyo du 23 juillet au 8 août 2021. Outre l’absence de public, ces Jeux ont été marqués par l’arrivée de nouveaux sports et l’âge peu élevé de certains athlètes. Ainsi, la japonaise Momiji Nishiya devient la toute première championne olympique de l’histoire du skateboard, dans la catégorie street, à seulement 13 ans !
Même si le top 5 des résultats en termes de médailles ressemble fort au Conseil de Sécurité des Nations Unies (si on oublie la 8ème place de la France…), ces olympiades ont également été l’occasion pour certains outsiders de briller. C’est par exemple le cas de l’athlète tunisien Ahmed Hafnaoui qui remporte la médaille d’or lors de l’épreuve du 400m nage libre du haut de ses 18 ans, l’une des deux médailles de sa délégation.
… et pour tout le monde !
Les Jeux Paralympiques sont probablement l’une des plus grandes avancées en termes d’inclusion, de reconnaissance et de compréhension des besoins de toutes les personnes handicapées. Du 24 août au 5 septembre, les délégations de près de 74 pays sont, à l’heure de la sortie de cet article, toujours à la course pour remporter les médailles.
Même si le top 5 actuel reste sensiblement similaire à celui des Jeux Olympiques (toujours sans la France sic. x2), les épreuves mettent en valeur des athlètes et des disciplines particulières. C’est le cas par exemple de la boccia, une forme de pétanque antique, pratiquée notamment par des athlètes paraplégiques puisque possible avec l’usage d’une sorte de glissière proche de la bouche.
RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE : DÉFINITIVEMENT PAS UNE INVENTION DES CHINOIS
Une nouvelle bouteille à la mer ?
S’il y a bien une instance scientifique qui n’a pas eu besoin de campagne de publicité pour mettre en avant ses conclusions, c’est (hélas) le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC). Le 9 août 2021, nous nous attendions à un nouveau « il faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre » accompagné d’un petit « il est encore temps ». Mais le rapport tombe, « froid et glaçant » : quelques soient les actions, les catastrophes naturelles se multiplieront. Temps géologiques naturels, activités humaines dévastatrices… quoiqu’il en soit, le climat change, très rapidement.
L’Europe les pieds dans l’eau
Allemagne, Belgique, Luxembourg, France… non, les conséquences du réchauffement climatique n’atteignent pas que les pays les plus pauvres. C’est toute l’Europe du Nord-Ouest qui a été touchée pendant plusieurs semaines du mois de juillet par d’impressionnantes inondations provoquées par des pluies diluviennes. La Turquie a également payé un lourd tribut, avec 51 décès officiels.
Glissements de terrain, ponts arrachés par le courant et effondrement des rives ont ainsi causé la mort de près de 279 personnes et la disparition de 670 autres, parfois emportées dans leur sommeil. Si le bilan humain agit comme un coup de massue sur la confiance des sociétés occidentales en leur sécurité face à l’environnement, ces crues et inondations présentent également un coût de plus de 50 milliards d’euros.
Bientôt un plan de relance environnement ?
ÉTATS-UNIS : UNE DENT CONTRE LES FEMMES ?
Ce titre est volontairement provocateur, et, même si les autres pays ne sont pas blancs comme neige, il est important de noter que les États-Unis ont une responsabilité dans l’état actuel de notre monde. Cette catilinaire se fonde sur l’étude des politiques américaines, intérieures et extérieures, et sur leurs effets pour la condition de la femme.
Violée ? Et alors ?
Si le Texas n’est pas connu comme étant l’un des endroits les plus progressistes à l’ouest du Mississipi, la Cour suprême des États-Unis agissait bien souvent comme un garde-fou face à des lois iniques ou peu humanistes. Mais cette nuit du 1er au 2 septembre a montré les limites de son pouvoir, et a souligné les conséquences des actions de l’administration Trump. Les 5 juges conservateurs ont en effet empêché la déclaration d’inconstitutionnalité de cette loi face à leur 4 consœurs et confrères plus progressistes.
Ainsi, malgré un motif de viol ou d’inceste, une personne ne pourra pas être avortée après 6 semaines de grossesse dans le territoire du Texas. Même si 11 autres États américains disposent également de législations très restrictives, cette loi est la plus poussée et réduit quasiment à néant la possibilité pour une Texane de disposer librement de son corps.
Ohé, ohé, Afghanes abandonnées…
Ne nous voilons pas la face : fin de la démocratie, légitimation de l’obscurantisme religieux et incapacité de la communauté internationale… rien de tout ça n’est aussi grave que ce qui se prépare pour les femmes d’Afghanistan. Et le gouvernement, ainsi que le Congrès et les responsables militaires des États-Unis ont décidé d’un commun accord et avec un entêtement peu commun d’abandonner les Afghanes à leur destin.
Loin de moi l’idée de réduire ces dernières à de pauvres êtres incapables de se défendre face aux coups, aux menaces et aux lois des Talibans. Mais les Occidentaux, et en particulier les Américains, montrent aujourd’hui que leur sort et leur liberté ne vaut pas la peine de soulever des montagnes. L’été s’achève sous un voile de consternation et de rancœur avec la chute de Kaboul, et nous questionne sur notre solidarité et nos principes moraux.
Faisons en sorte que des personnes comme Zarifa Ghafari, l’une des seules femmes élues maire en Afghanistan, puissent rester des exemples de liberté dans leur exil pour toutes celles et tous ceux restés de force dans leur propre pays. Le 15 août sera pendant longtemps le synonyme d’un échec cuisant pour les Droits de la Femme, reste à savoir si nos dirigeants en feront un symbole de résistance face à l’égoïsme et aux pratiques d’un autre temps.
Pierre Jouin