Note de bataille : La Bataille du Fort-Royal ou Bataille du Rhum : 20 juillet 1674


 
Claudio SchwarzLigne de crédit : Unsplash

Claudio Schwarz

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Dans la deuxième moitié du XVIIème siècle, la réussite économique des Provinces Unies, petite République calviniste, provoque l’exaspération du roi de France Louis XIV et de son principal ministre : Colbert. Ces derniers commencent alors par instaurer des droits douaniers prohibitifs afin de limiter l’écoulement des marchandises des Provinces-Unies en France. De plus, Colbert souhaite également limiter l’influence des Provinces-Unies sur ses nouvelles possessions américaines insulaires. En effet les Provinces-Unies étaient fortement présentes dans les iles françaises des Antilles notamment à cause de l’incapacité de la Compagnie française des Indes occidentales à pouvoir les ravitailler correctement et régulièrement. Ainsi dès le 10 juin 1670, Colbert promulgue une ordonnance sur l’exclusif colonial ou pacte colonial, qui proscrit aux puissances étrangères dont les Provinces Unies de faire du commerce avec les iles françaises des Antilles. Le 23 janvier 1672, Louis XIV informe Jean-Charles de Baas, gouverneur général des iles françaises ; de sa décision consistant à faire la guerre à la Hollande. Prévoyant de potentielles attaques sur les iles françaises des Antilles, Louis XVI décide alors d’accélérer la construction du Fort-Royal de Martinique. Lorsque la guerre débute, les anglais, alliés des français s’emparent de deux territoires néerlandais aux Antilles. Ce qui va dès lors susciter l’intervention hollandaise sur le front antillais. La Hollande va donc chercher à s’emparer de la Martinique ; cette mission est confiée à l’amiral Michiel de Ruyter, le plus prestigieux marin des Provinces-Unies.

Michiel de Ruyter et ses 7400 soldats arrivent le 20 juillet 1674 dans la baie de Fort-Royal en Martinique, après environ 40 jours passés en mer. Ils sont incontestablement en supériorité numérique puisque les français défendant le fort, et menés par le chevalier de Sainte-Marthe, ne représentent que 161 hommes au total. Des renforts français appartenant au marquis de Baas sont tout de même à proximité du fort, prêts à intervenir en cas d’éventuelles difficultés rencontrées par la garnison française. C’est par un assaut en hâte des soldats hollandais que la bataille débute. Ces derniers n’ayant pas de véritable tactique, se brisent sur les murailles comme l’eau sur les rochers. Le bilan des pertes humaines est déplorable pour les hollandais puisqu’ils totalisent entre 1 000 et 1 300 soldats tués contre seulement 6 du côté français. C’est donc cette initiative hollandaise ratée qui a permis, dans certaines mesures, aux français d’être victorieux ; puisque devant ce carnage, l’amiral de Ruyter décide de battre en retraite et de se replier non loin du rivage. Le sort de la bataille tourne dès lors très nettement en faveur des français même si ces derniers s’attendent tout de même à de nouvelles offensives.

Les soldats français épuisés lors de ce premier assaut poussent Sainte-Marthe à ordonner l’évacuation du fort durant la nuit. Celui-ci va même y hisser le pavillon des Provinces-Unies pour symboliser sa rédemption. Cependant au petit jour, aucun bruit n’émerge sur le rivage et surpris par cela, les français aperçoivent la flotte hollandaise faire voile vers le large, renonçant ainsi à la conquête de l’ile. La bataille du Fort-Royal est donc remportée par les français, certes grâce aux solides défenses du fort mais également par un autre facteur : la chance. En effet, les hollandais, affaiblis lors du premier assaut, étaient toujours bien supérieurs en nombre. L’amiral de Ruyter aurait pu tenter de se réorganiser ou encore d’adopter de nouvelles tactiques mais celui-ci, non persévérant, préfère se retirer, craignant d’autres lourdes pertes en cas de nouvel assaut sur le fort martiniquais.

Le rôle stratégique du Fort-Royal et plus précisément de la Martinique, sortent véritablement renforcés de cette bataille et permettent aux forces françaises de maintenir leurs positions. Le 4 décembre 1674, un édit royal intègre la Guadeloupe ainsi que la Martinique au domaine royal ce qui va dès lors contribuer à un développement accrue des possessions américaines. Au total, cela offre à la France un renforcement non négligeable en Amérique durant la guerre de Hollande.

 

Sacha Nizet