Nos enfants face aux écrans


 
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Erik Witsoe

Ligne de crédit : Unsplash


Les écrans, véritable fléau de notre société moderne ? Faut-il les bannir de nos maisons, de nos vies ? Quels impacts ont-ils sur nos enfants ?

Les écrans que nous connaissons sont sous diverses formes, les tablettes, les smartphones, la télévision en encore les ordinateurs. En tant qu’adulte, nous sommes amenés à les utiliser quotidiennement. Selon le CSA (2017), il y aurait en effet en moyenne 5,5 écrans par foyer. Les enfants ont ainsi dès le plus jeune âge accès à divers outils numériques. Cette réalité amène les professionnels mais aussi les parents à s’inquiéter sur l’impact de cette technologie sur le développement de nos enfants.

Selon la Société Canadienne de Pédiatrie (2017), la surexposition pendant la petite enfance accroît la probabilité d’une surutilisation plus tard. En effet, les premières expériences de l’enfant face à l’écran peuvent être déterminantes. Cependant, les études ne savent pas encore si l’exposition précoce aux écrans modifie le cerveau en développement. Une chose est pourtant certaine, les enfants de 0 à 2 ans peuvent maîtriser un smartphone en touchant l’écran pour déverrouiller ou encore pour naviguer avant même de pouvoir parler. Les parents se laissent parfois tenter par les publicités mensongères sur des applications vendues comme bénéfiques pour le développement du langage. Ils pensent que leur enfant qui arrive à manipuler leur téléphone comprend le contenu de celui-ci et en tire un apprentissage. Or, il est très important de rappeler que les écrans non interactifs n’ont aucun effet positif sur les enfants de 0-3 ans, et les écrans interactifs créeraient une certaine dépendance.

Au niveau du langage, de nombreuses études se sont intéressées au lien entre retard du langage et exposition aux écrans. Un enfant entre deux et quatre ans qui regarde deux heures de télévision par jour multiplie par trois la probabilité d’avoir un retard du langage ( Société Canadienne de Pédiatrie, 2017). L’autre problématique est au niveau de l’échange entre parent-enfant. En effet, les parents ont les yeux rivés sur leur écran et ne regardent pas leur enfant. Cela empêche ce dernier de mettre en place l’attention conjointe et le pointage, prérequis très importants pour le développement de la communication.

En 2005, Zimmerman et Christakis ont établi une relation entre le nombre d’heures passées devant la télévision avant trois ans et les résultats obtenus à 6-7 ans sur des examens de lecture et de mémoire. Plus l’enfant est exposé à l’écran avant ses trois ans, plus l’effet négatif est important. Les raisons expliquant cette corrélation seraient variables. Soit les programmes proposés à l’enfant ne sont pas stimulants et freinent son développement cognitif, soit l’enfant passe moins de temps à faire d’autres activités, soit les deux causes sont associées. 

Un autre impact des écrans est le fait de laisser la télévision ou les écrans allumés en arrière-plan. Les études ont pu observer que les enfants ayant la télévision allumée en continu avaient moins accès à la lecture car ils lisaient moins ou les parents leur lisaient moins de livre. De plus, ces enfants seraient plus susceptibles que les autres d’avoir de moins bonnes capacités de lecture. Enfin, les enfants des foyers avec la télévision allumée en continu passeraient plus de temps devant les écrans, tout type confondu. Ils entreraient alors dans une spirale infernale de dépendance à l’écran.

Au-delà du langage, ce sont les capacités attentionnelles qui pourraient être altérées. La télévision en continu viendrait perturber les moments d’attention de l’enfant notamment dans le jeu. L’enfant développerait alors la « pensée zapping », il ferait plusieurs choses en même temps, regarderait plusieurs écrans en même temps. Cela permet certes de favoriser la pensée non linéaire, mais la « pensée zapping » empêche une concentration et la volonté de faire un effort. Tout n’est plus que superficialité, on veut aller vite, on veut des informations rapides sans prendre le temps de réfléchir. Comportement que nous retrouvons dans la désinformation des réseaux sociaux.

Il existe d’autres impacts néfastes comme la sédentarité, la prise de poids, ou encore le développement de comportements agressifs face à une exposition aux images violentes. De ce fait, on pourrait penser que les écrans n’apporteraient que des problèmes. Mais, tout n’est pas simplement blanc ou noir. Un seul terme fait la différence, l’accompagnement.

En effet, les écrans, si bien utilisés, se révèlent être des outils pratiques et riches en apports cognitifs. Les parents doivent donc mettre des règles et accompagner leur enfant dans son utilisation de l’écran. Il ne suffit pas de mettre son enfant devant un dessin-animé où l’héroïne parle anglais pour que l’enfant entre dans le langage. Au contraire, l’enfant n’apprend rien par le visionnage passif. Il faut que le parent interagisse devant les images défilant sur l’écran et discute avec son enfant pour que celui-ci commence à entrer dans la communication. L’usage des médias en famille dans un but de divertissement ou culturel est important, car il permet de créer des interactions positives. Il faut veiller à ce que les programmes proposés soient adaptés à l’âge de l’enfant. Les écrans ne doivent pas être au cœur du foyer, ils doivent juste être des outils parmi les outils non-numériques. Le risque est donc qu'un temps d'écran excessif prenne la place d'interactions fondamentales pour le développement cognitif, psychique et social des enfants.

Pour terminer, voici quelques repères pour accompagner au mieux son enfant dans l’utilisation de l’écran :

- Pas d’écran avant 3 ans : dans la chambre, lors des repas ou la télévision en fond

- A partir de 3 ans, 30 minimum maximum et l’enfant doit être accompagné

- 4-6 ans : 1h par jour maximum

- 7-10 ans : 1h30 par jour maximum

Le numérique est un véritable outil et une aide dans notre quotidien, mais il faut veiller à ce qu’il ne nous déshumanise pas. La plus grande stimulation pour un enfant est l’humain, c’est par les échanges et les interactions qu’il évoluera. Nous devons protéger nos enfants et leur apprendre à se servir de ces outils pour qu’ils suivent un développement adéquat. Nous devons certes vivre dans notre temps, mais pour cela, il faut donner toutes les clés à nos enfants.

Marine


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Bibliographie :

Delphine Sfez. Étude de l’impact des écrans interactifs sur le langage oral en grande section de maternelle. Médecine humaine et pathologie. 2019. dumas-02180440 

https://www.3-6-9-12.org/wp-content/uploads/2019/09/memoirealineclaudon-laurentoutilsnumeriques.pdf

Freund, Noémie. « Écrans et développement langagier de l’enfant : quels constats, quelles réponses ? » In Santé et épanouissement de l’enfant : dans quel environnement ?, par Maryse Bonnefoy, Bénédicte Caucat, Cécile Garrigues, et Pierre Suesser, 201. ERES, 2018. https://doi.org/10.3917/eres.bonne.2018.01.0201