Mata Hari : de danseuse à espionne


 
Claudio SchwarzLigne de crédit : Unsplash

Claudio Schwarz

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Mata Hari, de son vrai nom, Margaretha Geertruida Zelle est née le 7 aout 1876 à Leeuwarden et morte le 15 octobre 1917 à Vincennes. Elle est issue d’une famille aisée, son père était un riche marchand néerlandais, spécialisé dans la vente de cape et de chapeaux. Elle est l’ainée d’une famille de quatre enfants, elle a trois petits frères. En 1891 sa mère décède, deux ans après la faillite de l’entreprise de son père. Margaretha va alors vivre chez son oncle puisque son père ne possède pas l’autorité parentale.

Elle va suivre des études pour devenir institutrice, tout se passe pour le mieux jusqu’à ce qu’elle soit renvoyée à cause d’un scandale : elle aurait eu une liaison avec le directeur de l’établissement. Elle se marie quelques temps après avec un certain Rudolf MacLeod, officier de la marine néerlandaise, et va vivre avec lui dans les Indes néerlandaises. Ils aurons deux enfants : Louise-Jeanne et Normand-John. La relation ne dure pas puisqu’ils se séparent après un drame qu’ils ont connus, leurs deux enfants ont été empoisonnés, seule Louise-Jeanne survit. Son mari, homme violent et alcoolique ne verse aucune pension alimentaire à Margaretha, il lui enlève même sa fille par la suite.

Elle décide alors de changer de vie et rejoint Paris en 1903 où elle se fera entretenir par des hommes, elle devient une « cocotte », c’est-à-dire une femme qui vit de services sexuels rémunérés mais qui n’est pas enregistrée et considérée comme étant une prostituée.

Elle trouve un emploi en 1905 dans le « Nouveau Cirque » d’Ernest Molier et devient dès lors danseuse. Elle réussie très rapidement à se faire un nom et devient, notamment par l’intermédiaire de Emile Guimet, la célèbre Mata Hari, danseuse érotique orientale, semblable à une princesse javanaise, très jolie, ayant le teint mate et des traits séduisants.

 

Elle était véritablement connue, à Paris mais aussi en Europe puisqu’elle allait de capitale en capitale. Son succès dans la danse était dû à l’érotisme et à l’exotisme qui apportent à la population européenne une réelle nouveauté liée à une certaine originalité. Elle enlève, dans certaines mesures, le tabou de la nudité dans une société qui restait très fermée sur ce plan là. Elle attire la curiosité, elle n’est pas comme les autres danseuses, elle se montre très différente et se dévoile davantage. Une légende se crée très vite autour d’elle, celle-ci explique que Mata Hari serait une princesse de Java, très fortunée. Sa carrière était lancée, mais en 1907, sa liaison avec un officier allemand : Alfred Kiepert, freine complètement sa lancée en France et en Europe. Elle ne sera pas oubliée mais va posséder des rôles moins prestigieux puisqu’elle participe à des spectacles populaires et non plus mondains, elle va même se prostituer dans des maisons closes. En 1915, Mata Hari, endettée, fait la rencontre du consul d'Allemagne Carl H. Cramer à la Haye, qui lui propose de devenir espionne pour le compte de l’Allemagne. Ce dernier était très intéressé par cette jeune femme du fait qu’elle possède un statut social important en France et plus particulièrement à Paris, mais aussi parce que Margaretha est polyglotte. Elle accepte, car c’est selon elle, l’unique solution pour rembourser ses nombreuses dettes.

 

Mata Hari va donc être au service de l’Allemagne en tant qu’espionne, elle va leur délivrer plusieurs informations par la suite. Quelques mois après la visite du consul d’Allemagne, Mata Hari va rencontrer le capitaine Georges Ladoux, chef des services du contre-espionnage français, qui va à son tour, proposer à Mata Hari d’espionner le commandement allemand pour le compte de la France. Elle va accepter en échange d’une somme d’argent colossale : environ 1 million de francs, la somme ne sera jamais versée. Mata Hari est donc espionne pour l’Allemagne et pour la France, il est difficile pour les historiens de connaitre ses réelles intentions ainsi que sa prise de parti entre les deux camps.

Elle rejoint l’Espagne en 1916 et va, au sein de la capitale, fréquenter de nombreux membres des services secrets. Jouant sur deux tableaux, Mata Hari se fait prendre à son propre piège. L'attaché militaire allemand à Madrid, le major Kalle, envoie un message à la radio de Berlin afin de décrire les activités de Mata Hari aussi appelée H-21 par les allemands. Le message est intercepté par les français et ces derniers identifient H-21, ils découvrent qu’il s’agit bel et bien de Mata Hari. Les allemands ayant des doutes sur sa fidélité ont envoyé ce message, et savaient pertinemment que celui-ci serait intercepté par les antennes de la tour Effel. Le but était le suivant : démasquer sa double-identité et la neutraliser dès que possible. Mata Hari était donc recherchée par les autorités allemandes mais aussi françaises.

Elle parvient à quitter Madrid et à rejoindre Paris afin de retrouver son amant Vadim Maslov. Cependant, le 13 février 1917, elle est arrêtée par le capitaine Pierre Bouchardon et est interrogée, n’apportant que très peu d’informations.

Elle est tout de même condamnée à mort pour « intelligence avec l’ennemi en temps de guerre ». Mata Hari, ancienne célébrité de France, devient alors coupable et ennemie de la nation française. Elle est exécutée le 15 octobre 1917 par fusillade, au polygone de tir de Vincennes.

Sacha Nizet