Les pâtes et les nouilles
Que nos chères lectrices et nos chers lecteurs soient rassurés, le Parrhèsiaste n’entame pas une reconversion vers la revue culinaire. Le sujet choisi est à la fois particulièrement commun et pourtant profondément intéressant. Laissez-moi donc vous parler des pâtes et des nouilles à travers une petite réflexion personnelle.
Pour remplir les ventres et faire marcher l’histoire
La distinction entre pâtes et nouilles peut être trouvée dans l’origine géographique et dans la manière de les consommer.
Les pâtes sont particulièrement liées avec le développement de l’agriculture et la progressive sédentarisation des populations. Ainsi, dès la période préhistorique, le blé est cultivé et mélangé à de l’eau pour obtenir une pate nourrissante, proche des pâtes consommées et commercialisées aujourd’hui. Mais c’est autour du bassin méditerranéen, en Afrique, en Grèce et bien sûr en Italie que les premières formes de pâtes sèches, celles que nous connaissons, sont fabriquées et intègrent les cultures des différents peuples. Marcus Gavius Apicius, outre avoir donné son nom à un plat à base de canard, fait mention dans un de ses écrits d’un plat de laganum, probablement à l’origine des fameuses lasagnes.
Les nouilles quant à elles sont associées à des préparations plus liquides et à un certain mode de fabrication. La pâte crée est filée à la main afin d’obtenir des nouilles longues et fines. Une fois prêtes, ces dernières sont intégrées dans des recettes comme des soupes ou des potages. Les nouilles sont ainsi particulièrement présentes en Asie, notamment en Chine, où des traces de leur fabrication témoignes de leur présence dans la ville de Lajia au deuxième millénaire avant notre ère.
Si communes, si importantes
- On fait quoi ce soir ?
- Des pâtes !
- Encore ??
- Bah… ouais : t’aimes pas ?
- Bien sûr que si !
- Alors c’est parti !
Ce dialogue est si partagé, quelques soient les âges, les catégories sociales, les origines… Certes me direz-vous, il y a des intolérants au gluten. Mais là réside la force des pâtes et des nouilles : l’adaptation ! Des pâtes sans gluten aux pâtes sans œufs en passant par les pâtes bios, les pâtes ont connu des évolutions permanentes et des adaptations pour répondre aux besoins et aux envies des époques.
Mais les pâtes, comme les nouilles, c’est la nourriture de base aujourd’hui, c’est le remplacement du pain ou de la pomme de terre, c’est ce qui cale pour un repas sur le pouce ou qui sauve une tentative culinaire catastrophique. Les pâtes ont des rayons réservés dans les supermarchés, et les sauces bolognaises, pesto ou encore napolitaines sont les plus répandues pour les accompagner.
Toutefois, les pâtes sont aussi un symbole d’une certaine forme de précarité, comme en témoigne l’expression « manger des pâtes pour le reste du mois ». Les nouilles quant à elles, représentent un moyen de sortir d’une certaine banalité et de trouver un certain exotisme, notamment à travers la cuisine asiatique.
Voyages ou dures réalités, les pâtes sont là pour nous rappeler qu’il faut savoir apprécier ce petit paquet au fond du placard qui peut nous sauver une soirée. Ce qu’il y a dans notre assiette, étudiants, retraités, actifs ou personnes sans emploi, les pâtes nous concernent toutes et tous et leur simplicité ne doit en aucun cas nous faire oublier leur nécessité.
Pierre Jouin