Le Nouvel Humanisme

Wilmer MartinezUnslpash

Wilmer Martinez

Unslpash

Quelle est la principale différence entre l’Homme et l’Animal ? Nous partageons des caractéristiques communes, nous ressentons les mêmes besoins, en réalité, l’Homme est un animal, tout simplement. Mais il y a une différence, majeure, absolument supérieure : l’Homme n’est plus naturel. Il a su dépasser sa condition d’animal en créant ses propres outils. Il a plié la Nature, sa propre nature, à sa volonté. Voici la seule chose qui nous différencie vraiment de l’animal : l’Homme a la technique et l’utilise.

La philosophie du Nouvel Humanisme

Tout d’abord, il nous faut nous pencher sur le rapport de l’Homme à la Nature. Il est un être de la Nature, né animal, des suites d’une évolution s’étalant sur des millions d’années. Mais notre cas est hors du commun : nous ne sommes plus que cela. Nous restons encore soumis aux lois de la Nature, reproduction, survie, mort. Cependant, nous sommes à la fois aussi les maîtres de la Nature. Malgré ce que l’on peut en dire, nous avons une quasi toute puissance sur la Nature, volontaire ou pas. Peu importe en réalité les conditions de la Nature, nous vivons déjà en dehors. L’agriculture hors sol est en un exemple : plus besoin des apports du sol, de la pluie, de la bonne température, tout est fait sans la nature. Et ce qui nous donne cette puissance, mais aussi cette responsabilité sur la Nature (les responsabilités d’un maître, respect et soin), c’est la technologie.

Cette technique, ou technologie, est la plus grande force de l’Homme, la raison d’être de tout ce qui nous entoure, de ce que nous sommes aujourd’hui. Elle est la seule chose qui nous a permis d’améliorer nos vies, nos conditions. Elle nous a amélioré, nous a fait passer de l’Homme préhistorique à l’Homo Sapiens Sapiens que nous sommes (la cuisson, l’agriculture entre autre). La technologie est une part essentielle de notre évolution et de notre nature, elle est nécessaire dans chacune de nos actions. Ainsi, il n’est pas « inhumain » ou « immoral » de chercher à renforcer ces liens : ce n’est que la suite du processus historique de coévolution de l’Homme et de sa technologie, l’un ne va plus sans l’autre.

L’on peut reprocher à cette idée le fait que la modification de l’Homme, de son corps, n’est pas naturelle, que ce corps est sacré et doit rester inchangé.

L’évolution est déjà en chemin

L’évolution nous change d’ors et déjà. Entre le XVIIIème Siècle et aujourd’hui, l’humanité a grandi en moyenne de 5cm à 15cm, selon la zone géographique. Nous avons aussi pris du poids, et nos os se sont renforcés pour le supporter, au fur et à mesure que passent les générations.

Ces changements ne sont pas le fruit d’une nature indépendante et avec sa volonté propre, mais du long processus d’amélioration de ses conditions par l’Homme. Ainsi, nous nous transformons déjà, par nos propres activités, tout comme nous modifions notre environnement selon nos besoins. Le corps humain n’est donc pas intemporel, il change, ne cesse de se reconstruire : avec la mort et le remplacement incessant des cellules, nous ne sommes plus exactement la personne que nous étions il y a 2 semaines : tout change, sauf le modèle, notre « être », et lui-même se modifie, mais sur un temps plus long (la vieillesse).

Le corps n’est pas non plus sacré. Il faut se défaire de cette foi en son intemporalité, et faire preuve de raison et de clairvoyance : nous ne sommes pas destinés à rester les mêmes en toute éternité, nous n’avons pas reçu de don d’une force supérieure. Nous sommes les seuls êtres vivants à avoir pu de nous même nous sortir de la Nature, voilà notre plus grande qualité.

En résumé, le corps n’est ni entièrement sujet à la Nature, ni sacré, ni inchangé. Qu’on le veuille ou non, nous ne serons plus les mêmes dans le futur, que se soit dans 6 heures comme dans 5 siècles. Et, à la vue de notre développement civilisationnel, il serait très étrange de vouloir laisser encore cela au hasard. Il est donc nécessaire de prendre en main notre propre évolution, car cela, c’est l’humanisme.

Le Vrai Humanisme, le contrôle total du corps, la fin du hasard

En effet, cela serait du réel humanisme, celui de laisser à l’Humanité le choix de sa propre nature, et non pas de se résigner à un changement incertain et incontrôlé. Nous mettons en avant l’Homme, mais nous refuserions notre propre nature ? Cela n’est pas compatible avec l’humanisme. Il nous faut nous prendre en main, avec les outils dont nous disposons. Laisser au hasard des choses notre propre futur est inconcevable, car cela ne correspond pas à la raison, ce n’est que de la foi, de la foi passive en un avenir, décidé par des forces supérieures, un Dieu ou la Nature. C’est bien ce que critique Nietzsche dans son introduction à Ainsi parlait Zarathoustra.

« Je vous enseigne le surhumain. L’homme n’existe que pour être dépassé. Qu’avez-vous fait pour le dépasser ? Tous les êtres jusqu’à présent ont créé quelque chose au-dessus d’eux, et vous voulez être le reflux de ce grand flot et plutôt retourner à la bête que de surmonter l’homme ? Qu’est le singe pour l’homme ? Une dérision ou une honte douloureuse. Et c’est ce que doit être l’homme pour le surhomme : une dérision ou une honte douloureuse. Vous avez tracé le chemin qui va du ver jusqu’à l’homme, et il vous est resté beaucoup du ver de terre. »

Le Surhomme que développe Nietzsche n’est pas la simple idée d’un homme plus fort, plus grand, plus intelligent. Non, il est l’Homme qui a su se détacher des « ombres de Dieu », tous les concepts qui dépendent de l’existence de Dieu, et en particulier les Lois de la Nature. Il doit dépasser les limites qu’on lui a imposé, réelle ou non.

Aujourd’hui, avec notre développement technologique, nous ne cessons de dépasser les limites imaginaires : aller plus vite qu’un cheval devait nous tuer, il n’en était rien, puis aller plus vite que le son devait nous tuer, il n’en était rien non plus. Aller dans l’espace devait être impossible et nous tuer, mais des personnes y vivent aujourd’hui toute l’année.

Bien entendu, ce Nouvel Humanisme découvre un vide législatif et social. D’innombrables questions peuvent être soulevée, mais ce n’est pas, ici, le sujet. Cependant, comme pour toute avancée, un cadre est nécessaire, des règles doivent être formées. Car cette pensée est plus que philosophique, elle est de l’ordre d’un futur possible. Nous n’ajouterons qu’une chose : la crainte est compréhensible, notre société serait bouleversée, et nos conceptions avec. Mais ne soyons pas les Luddites Anglais, ne nous opposons pas au progrès de peur de ne plus reconnaître notre monde. Le Monde est en mouvement, et il change plus vite que jamais dans notre histoire. Nous devons, cela est un devoir, nous y préparer, nous adapter.

Nous devons devenir des adultes, utiliser notre Raison pour abandonner toutes nos croyances animales et enfantines. Nous devons prendre en main notre avenir, sans le laisser au hasard. Nous devons avoir confiance en la technologie, et non pas revenir dans quelque âge sombre et obscurantiste. Pour la première fois dans l’existence de l’humanité, nous entrevoyons la possibilités de devenir, enfin, nos propres maîtres, les seuls à décider pour nous, sans la tutelle d’une force supérieure, réelle ou imaginaire, si tant est que ces forces ne soient pas que des constructions de notre pensée.

Nicolas Graingeot