Le désert pour lit
Le sommeil pèse si fort,
La nuit pose ses pierres sur mes yeux,
Et le souffle fiévreux des dunes
Ne me laisse pas sans la houle des rêves.
Les bêtes me foulent la tête de leurs pas sans chaînes,
Elles sont vol d’hirondelles à mon cœur,
Je m’en vais on ne sait où
A l’ailleurs du corps
Et ne reviens à moi qu’en ayant traversé
Des pays de sable
Des nuits durant
Ou le temps d’un songe.
Les limbes de l’éveil me sont un désert sans mains
Seule une profonde ancre à mes yeux me retient ;
Perdre corps c’est comme prendre souffle,
Sans souvenance, sans oubli,
Je viens d’ailleurs à chaque aube,
Quand je soulève les pierres creuses,
Moules nuiteux de mes yeux.
Samir Moinet