Le chat
Alors non, on ne va pas parler de l’excellente bande-dessinée satirique qui enchaîne les lapalissades et les traits d’esprit. Non, on va parler du chat, l’animal de compagnie, le démon de vos nuits, celui qui se blottit dans vos bras… Voici une petite réflexion sur le félin le plus connu du monde, entre symboles ancestraux et réseaux sociaux.
Sans conteste, au sein du foyer, le chat impose sa loi. Des croquettes à profusion, l’odeur de la litière, la place attribuée sur un fauteuil… il est là pour rappeler que la jungle a un roi. Que ce soit pour maltraiter ou mépriser un chien, nous faire espérer des caresses ou encore faire disparaître Bubulle le poisson rouge, la bête impose sa volonté de fer à l’ensemble de la maisonnée. Que vous ayez une petite faim nocturne ou que vous soyez à la recherche de l’intimité de vos toilettes, ses pattes de velours et ses yeux dignes d’une lunette de sniper vous suivront. Un être omniscient somme toute, qui voit, sait, et entend tout. Un dieu qui ne dort jamais vraiment…
Et oui, notre vénération du plus commun des félins remonte à bien longtemps. Égyptiens et Grecs les considéraient comme des divinités ou tout du moins des animaux sacrés qui peuplaient les récits mythologiques et symbolisaient la ruse, la patience, la malice ou encore la ténacité. Image occidentale ? Parlez-en aux Japonais, qui assimilent les chats à des esprits, malveillants ou protecteurs, et les placent au centre de leur culture et de leur folklore. Et que dire des Chinois et des fameux chats porte-bonheur qui agitent frénétiquement leur patte ! Un animal déifié donc, qui apportent chance et bonheur à son propriétaire, même après la mort. Le chat est en effet un des rares animaux qui pouvaient être momifié sur les bords du Nil. De quoi leur donner le melon…
Pourtant, le succès est une épée à double tranchant. Cet aspect important se couple en effet d’une image peu reluisante véhiculée dans l’imaginaire de certaines sociétés. Ainsi, le chat noir est un signe de malheur dans la tradition arabo-musulmane, à tel point que ces derniers sont encore traqués de nos jours hors des villages. Et que dire du Moyen-Âge européen, où des centaines de milliers de chats (et de chatons) furent brûlés au cours des Feux de la Saint Jean. Et oui, ils étaient bien utiles pour chasser le rat et la souris, mais leur aspect les rapprochait un peu trop du Malin…
Aujourd’hui, les chats toujours aussi présents et exploités dans la culture populaire. Et cela atteint des sommets quand on voit leur succès sur Internet. Les chats sont au centre de la grande majorité des memes, des vidéos ou encore des publicités. Très utiles pour glaner quelques likes sur Instagram, parfaits sujets de conversations pour tenter d’approcher la fille ou l’homme qui vous intéresse, les chats sont partout et volent la vedette par leurs réactions imprévisibles et leur allure désinvolte. Véritables machines de communication et outils de séduction massive, le chat a trouvé son fauteuil dans nos vies, et peut continuer à nous mépriser de son air dédaigneux et pourtant irrésistible.
Mais bon, si je vous parle du chat, c’est finalement que ce dernier m’intrigue et me fascine. Même si certaines races comme le persan donnent l’impression que l’animal a fait la rencontre brutale avec un mur qui lui a alors aplati la face, il n’en reste pas moins que ces petits êtres sont d’un grand réconfort. Même si leurs griffes, leur flegme naturel et leurs yeux malicieux en font de redoutables colocataires, ces animaux ont une grande capacité d’empathie et sont étrangement sensibles aux émotions de celles et ceux qui les entourent. Leur présence est une source de bonheur et d’apaisement, et leur départ toujours trop rapide est la preuve qu’on peut AIMER un animal.
Alors si vous êtes en train de lire cet article avec lui, dans un lit, un canapé ou s’il s’étend comme une larve sur votre bureau, prenez le dans vos bras. Essayez de le regarder dans les yeux et de percevoir ses pensées : entre « il me veut quoi à me tenir comme ça » et « quand est-ce que tu me donnes mes croquettes ? », vous lirez peut-être un « moi aussi je t’aime ».
Pierre Jouin