La PACES, un vestige révélateur du monde médical français


 
Auteur : Ani KolleshiLigne de crédit : Unsplash

Auteur : Ani Kolleshi

Ligne de crédit : Unsplash


La rentrée de septembre 2020 a connu une nouveauté dans les filières scientifiques universitaires. En effet, à part une épidémie mondiale et l’établissement de cours à distance, un des grands évènements de l’année universitaire 2020-2021 en France est la fin de la Première année commune aux études de santé, ou PACES. Le Parrhèsiaste vous propose ici une brève analyse, et donne la voix à une étudiante ayant vécu ces deux années avant d’intégrer un cursus de kinésithérapeute.

 

I) Petite autopsie de la PACES

Il convient déjà de rappeler que la PACES avait été mise en place en 2010 pour proposer une sélection forte des étudiantes et étudiants souhaitant intégrer les cursus liés à cinq grandes professions de la santé, à savoir la médecine généraliste, la chirurgie dentaire, la maïeutique (« sage-femme »), la pharmacie et les métiers de la rééducation. Avec les écoles d’ingénieurs et les classes préparatoires scientifiques, la PACES apparaissait comme l’une des portes de sortie pour les diplômées et diplômés d’un baccalauréat en série scientifique. C’est le cas de notre témoin, qui après l’obtention de ce dernier, effectue ce choix pour l’attractivité des « métiers de la santé ».

Toutefois, la PACES était en théorie une année de licence permettant de poursuivre le système français licence-master-doctorat, mais au vu du numerus clausus strict, des quatre concours faisant office de partiels et du nombre important de personnes refusées, pouvait davantage être considérée comme une année de prépa… ce qui devient assez dénué de sens quand on compare à la tradition de la réorientation chère au système français.

C’est la raison pour laquelle 2020 voit l’établissement d’une première année de licence avec un « accès santé » (LAS) et d’un Parcours « accès santé » spécifique (PASS) qui pallient à ce souci de la réorientation et étalent la sélection. Toutefois ce système encore trop récent ne permet que des supputations, comme par exemple l’espoir de la fin des déserts médicaux, qui jure avec la part des personnes ayant été refusées, loin d’être désertique.

 

2) Quel héritage pour la PACES ?

« Ça a changé ma vie, dans le sens où il a fallu trouver ma méthode de travail, et surtout apprendre à travailler efficacement parce qu’au final c’est un peu marathon » : non vous ne lisez pas un témoignage d’un stage dans une entreprise ou une ONG. Si les personnes qui ont tenté la PACES (voire à deux reprises comme pour notre étudiante) nous apprennent une chose, c’est qu’il y a un changement radical avec le lycée. Il ne s’agit pas ici de faire le réquisitoire contre les méthodes de l’enseignement secondaire (ce qui soit dit en passant mériterait un article complet), mais de bien comprendre la façon dont changent les étudiantes et étudiants.

Notre témoin insiste ainsi sur les points positifs qu’elle tire de ces années, à savoir un moyen de « développer (sa) mémoire à long terme et ma capacité de concentration » et un développement « des connaissances en médecine et en anatomie ». Toutefois, elle souligne également que les grands manques de cette formation concernent l’aspect humain ainsi que le fait de ne pas être « accompagnée par les enseignants ou personnels de l’université ».

Finalement, la PACES ne peut pas simplement se définir comme une simple année de licence ultra-sélective ou comme une boucherie sans nom poussant les étudiantes et les étudiants dans leurs retranchements physiques et psychologiques. Cette année constitue un apprentissage rapide et forcé du monde du travail, et du monde médical en tension constante, car avant le nom des molécules et des formules, l’objet principal reste la santé du patient.

            Finalement, la réorganisation de la PACES semblait être nécessaire pour introduire une plus grande dimension humaine aux études de santé. Mais cet article s’adresse aux étudiantes et aux étudiants, nous rejoignons notre témoin qui souligne l’importance « des interactions avec les autres » et le fait de « se sentir bien dans sa tête et de ne pas s’enfermer dans une bulle ». Vous êtes jeunes, vous apprenez la vie, et en étudiant toute sa complexité, vous ne devez pas oublier de mener la vôtre.

 

Pierre Jouin