La main s’ouvre
A la main sûre s’ajourne la nuit
Toutes veines tendues à la finitude ;
A la masure du sang, l’ennui
Est ce désir des sens à l’immense étude
De ce qui existe et toujours s’enfuit.
Les doigts s’ensuivent comme une consonne inconnue,
Il faut bien tonner son point !
Pour ouvrir la paume nue
Et donner, entre cinq témoins,
La main au monde, sans retenue ;
Il suffirait d’un doigt replié sur lui-même
Ou d’une chamaille manuelle,
Et l’on voilerait celle qui sème :
Le lotus écarte toujours son diadème.
Humble, le dos vers la terre,
Que tout puisse trouver le repos
Au creux, dans les sillons, le long d’une manière,
Compagne du vide entre les sauts
D’atomes et de lumières.
A la main jointe à son amante
Tout devient Un et s’incline,
L’espace se replie à l’immanente
Ellipse ; le temps s’abîme
Entre les mains sans tête ni ventre.
Samir Moinet