L’optimisme déprimant

            Si on vous dit tous les jours que vous avez une sale mine, cela peut être déprimant. A l’inverse, si on vous dit tous les jours que vous avez bonne mine… cela peut être déprimant aussi ! La répétition de phrases enjouées prononcées par l’excellent optimiste a de quoi saper le moral, a de quoi saper une attitude quelconque. Le pire ! c’est l’incapacité de déjouer cet élan ; car dites non à l’optimiste et il en rajoutera une couche, une couche d’optimisme parfois dévastateur. Tout cela semble curieux… Il arrive cependant que lui dire non le déçoive car cette négation le coupe dans son élan. Mais il repart au galop aussitôt, le bougre ! sans l’avis général !

            L’optimiste vit et en rajoute, sa vie est un mur qui ne s’effondrera pas et sur lequel on se cogne aisément (il suffit d’avoir passé une mauvaise nuit ou d’être tout simplement mal luné !). Ces prophètes de bonheur ne lâcheront rien ! L’optimiste, en plus de cela, se prend au sérieux et devient déprimant par cette incessante promesse de bonheur qu’il professe à tous les coins de rue. Au moins ! le pessimiste déconne et donne désespérément l’envie de vivre et de continuer à lutter (c’est ce qui le sauve de la déprime !).

           Prophètes de malheur, prophètes de bonheur : tous dans le même sac pourri ! Le premier mange la poussière en rigolant, le second un fruit inexistant. Qui a raison, qui a tort ? On s’en fout royalement ! Là n’est pas la question. Le registre est décalé. Mais il faudra bien clouer le bec aux optimistes déprimants afin de se reposer un peu. Non pas arrêter le conflit de l’existence ! non, jamais ! mais se poser en conquérant dans cette attitude entre la misère et le soleil…

Jean

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