Frankly my dear, I don’t give a Dam
(Moi, inspirant) Tes effluves m’assaillent dès le pas de ta porte franchi,
Tes lumières, tes bruits, et partout la foule qui se presse alors que ton ciel s’assombrit.
De tes maisons colorées, de la lumière mourante sur tes canaux, je ne peux plus me lasser,
Ton atmosphère et ta vie, les odeurs de l’eau et de tes cafés m’ont enveloppé.
(Moi, haletant) Mais déjà, tu me prends la main et m’entraîne dans les ruelles qui parsèment ton antre.
Ton sourire et tes yeux malicieux me mènent dans un tourbillon de couleurs et sans peur j’y entre.
Le plaisir et l’attrait de la découverte, toi et moi en sommes drogués :
Que de souvenirs remontent, que de bonheur en si peu de temps écoulé !
(Toi, observant) Je te vois subjugué par mes rues, tels un enfant devant les vitrines qui s’offrent à ses yeux,
Des langues du monde entier, la cuisine et la culture, il t’en faut vraiment peu pour être heureux.
Et pourtant je m’offre à toi toute entière, de mes étroites ruelles de libraires à ma grande place du Dam,
Tu te nourris, tu t’extasies et te laisses porter par les navires de mon port, tu fais de moi l’objet de ta passion, ta dame.
(Toi, s’allongeant) De mes rues d’un rouge ardent aux peintures de mes maîtres mon attitude paradoxale te fascine,
Tu te loves contre moi dans un état de plénitude et de sincérité qui durera jusqu’aux mâtines,
Car de mes clochers saillants et de mon architecture fantasque tu ne peux te détacher,
Et par ces ponts délicats jetés sur mes eaux tumultueuses à mes docks tu seras à jamais attaché.
(Nous, nous regardant) Nos liens ne se limiteront jamais à la frontière de ces canaux et des demeures bigarrées,
Nous sommes des amis qui ne cesseront de vouloir se retrouver pour vivre, s’élever et partager sans arrêt.
Mais il est clair que nos routes nous ramèneront ensemble dans les méandres de ces allées, dans la chaleur de ces flammes,
Et qu’un jour ce message dans nos vies éloignées s’imposera :
” What’s up? Let’s meet in Amsterdam!”
Pierre Jouin