Feminism and Constructivism in International Security Theories

Féminisme et constructivisme dans les théories de la sécurité internationale (version française ci-dessous)


Source : Unsplash


Military language and defense intellectuals are very specific topics of international relations studies. If realism, the famous “Realpolitik”, prevailed until the beginning of the 21st century, new theories emerged and called into question the unmovable ideas born from world wars and the Cold War.

This article is a text analysis, to understand the advantages and lack of the constructivist and feminist theories in international relation studies.

 

Carol Cohn, “Sex and Death in the Rational World of Defense Intellectuals”: observations and ideas[1]

 

The author led her study avec participating to a summer workshop on nuclear weapons, nuclear strategic doctrine, and arms control in the United-States in 1984. After following the courses and the different conferences, she arrived at two conclusions. First, the current military language led to an abstraction and a removal from reality for defense intellectuals. Second, military topics and vocabulary is dominated by sexual and masculine representations.

 

For the first conclusion, she underlines that a lot of expressions and euphemisms a used by the technostrategic language as a “purification” of military debates. A fancy language to talk about death tools can be a way to allow a humanization of weapons. For example, comparison of weapons and babies are weird way to describe such different realizations. Furthermore, she implies that some intellectuals could consider themselves as creators or gods.

 

For the second conclusion, she insists on the fact that sex imagery in warfare is a “normal” part of the language of intellectual defense. According to her, it is a display of the connections between masculine sexuality and arms race. For example, the comparison of owning nuclear weapons to the fact of losing virginity reflects a strong patriarchal imagery in the language of IR theories.

 

Eventually, the fun and “sexy” aspect of military words translates a perverse phenomenon according to her study. But she also underlines the fact that this use can also be an escape as thinking of the consequences of their actions. It appears that nuclear weapons systems are considered as extensions of the self: they are not a threat anymore, because it is controlled.

 

 

A problematic sanitization of the strategic language

 

On the one hand, all the arguments and idea of the author emphasize a real problem in the military language world: the use of fancy terms to describe death tools. There is beyond doubt a thought to have on this issue, because weapons and nuclear bombs, especially in the idea of the American foreign and military policy, are used as way to maintain peace. These weapons must impress, dissuade, but it’s a failure when they are used in real life. The arguments of the need of control are interesting, because these scientists and experts seem to be locked in their comfort zone, far from battlefields and death.

 

But we could also talk about the way these words are also coming from the battlefields. Indeed, regarding the example of WWI, a lot of bombs, rockets and shrapnel used to have nicknames from the soldiers themselves to escape the traumatism of the fights. But these arguments stay relevant and really show how defense technical language can be sanitized.

 

 

Gender and international security: not always pertinent

 

On the other hand, it does not look very fair and true that the whole defense jargon is under a patriarchal system. It is probably because I am a man myself, but weapons and bombs are designed this way because it is the best way to be designed, and not because of an unconscious will of the experts to draw some penis at work. What is true is that the military world is dominated by men, even things are starting to change, regarding to the new forms of conflicts, for example with the female soldiers from the Kurds forces in Syria.

 

But I think that the author, to serve her point of view, is more interested in doing a “checklist” of all the masculine terms instead of underlining the different purposes about this vocabulary. Indeed, she is not showing that most of the terms like “Fat Boy” of “babies” used to describe nuclear weapons is also the heritage of the need of secret and coded nicknames used to ensure the national and international security against spying.

 

 

            To conclude, there is beyond doubt a huge need of thinking the sources and the forms of the defense language and the vocabulary of defense intellectuals. There is a lot to learn and to improve from other systems or countries which can help to make these words more accurate.

Nevertheless, constructivism and feminism must not be a way to destroy the credibility of scientist works. Yes, men are still dominant in this sector, but isn’t it better to educate instead of finding some self-destructive theories?

Pierre Jouin

———————————————————————————————————————-

Le langage militaire et les intellectuels de la défense sont des sujets très spécifiques des études sur les relations internationales. Si le réalisme, la fameuse "Realpolitik", a prévalu jusqu'au début du 21ème siècle, de nouvelles théories ont émergé et ont remis en question les idées inébranlables nées des guerres mondiales et de la guerre froide.

Cet article est une analyse de texte, pour comprendre les avantages et les lacunes des théories constructivistes et féministes dans les études des relations internationales.

 

Carol Cohn, "Le sexe et la mort dans le monde rationnel des intellectuels de la défense" : observations et idées [1].

L'auteur a commencé son étude en participant à un atelier d'été sur les armes nucléaires, la doctrine stratégique nucléaire et le contrôle des armes aux Etats-Unis en 1984. Après avoir suivi les cours et les différentes conférences, elle est arrivée à deux conclusions. Premièrement, le langage militaire actuel conduit à une abstraction et à un éloignement de la réalité pour les intellectuels de la défense. Deuxièmement, les thèmes et le vocabulaire militaires sont dominés par des représentations sexuelles et masculines.

Pour la première conclusion, elle souligne que de nombreuses expressions et euphémismes sont utilisés par le langage technostratégique comme une "purification" des débats militaires. Un langage fantaisiste pour parler des outils de mort peut être un moyen de permettre une humanisation des armes. Par exemple, la comparaison entre les armes et les bébés est une façon étrange de décrire des réalisations aussi différentes. En outre, elle laisse entendre que certains intellectuels pourraient se considérer comme des créateurs ou des dieux.

Pour la deuxième conclusion, elle insiste sur le fait que l'imagerie sexuelle dans la guerre est une partie "normale" du langage de la défense intellectuelle. Selon elle, il s'agit d'une démonstration des liens entre la sexualité masculine et la course aux armements. Par exemple, la comparaison entre la possession d'armes nucléaires et le fait de perdre sa virginité reflète une forte imagerie patriarcale dans le langage des théories de la RI.

Finalement, l'aspect ludique et "sexy" des mots militaires traduit un phénomène pervers selon son étude. Mais elle souligne également le fait que cette utilisation peut aussi être une échappatoire pour penser aux conséquences de leurs actions. Il apparaît que les systèmes d'armes nucléaires sont considérés comme des extensions de soi : ils ne sont plus une menace, car ils sont contrôlés.

Une aseptisation problématique du langage stratégique

D'une part, tous les arguments et idées de l'auteur soulignent un réel problème dans le monde du langage militaire : l'utilisation de termes fantaisistes pour décrire les outils de mort. Il y a sans doute une réflexion à avoir sur cette question, car les armes et les bombes nucléaires, surtout dans l'idée de la politique étrangère et militaire américaine, sont utilisées comme moyen de maintenir la paix. Ces armes doivent impressionner, dissuader, mais c'est un échec quand elles sont utilisées dans la vie réelle. Les arguments du besoin de contrôle sont intéressants, car ces scientifiques et experts semblent enfermés dans leur zone de confort, loin des champs de bataille et de la mort.

Mais nous pourrions également parler de la façon dont ces mots proviennent également des champs de bataille. En effet, si l'on prend l'exemple de la Première Guerre mondiale, beaucoup de bombes, de roquettes et d'éclats d'obus étaient surnommés par les soldats eux-mêmes pour échapper au traumatisme des combats. Mais ces arguments restent pertinents et montrent vraiment comment le langage technique de la défense peut être aseptisé.

Genre et sécurité internationale : pas toujours pertinent

 

D'un autre côté, il ne semble pas très juste et vrai que tout le jargon de la défense soit soumis à un système patriarcal. C'est probablement parce que je suis moi-même un homme, mais les armes et les bombes sont conçues de cette façon parce que c'est la meilleure façon de les concevoir, et non pas en raison d'une volonté inconsciente des experts de dessiner un quelconque pénis au travail. Ce qui est vrai, c'est que le monde militaire est dominé par les hommes, même si les choses commencent à changer, au regard des nouvelles formes de conflits, par exemple avec les femmes soldats des forces kurdes en Syrie.

Mais je pense que l'auteur, pour servir son point de vue, est plus intéressé à faire une "check-list" de tous les termes masculins au lieu de souligner les différents objectifs de ce vocabulaire. En effet, elle ne montre pas que la plupart des termes comme "Fat Boy" ou "babies" utilisés pour décrire les armes nucléaires sont aussi l'héritage du besoin de surnoms secrets et codés utilisés pour assurer la sécurité nationale et internationale contre l'espionnage.

  

            Pour conclure, il y a sans aucun doute un besoin énorme de réfléchir aux sources et aux formes du langage de la défense et du vocabulaire des intellectuels de la défense. Il y a beaucoup à apprendre et à améliorer d'autres systèmes ou pays qui peuvent aider à rendre ces mots plus précis.

Néanmoins, le constructivisme et le féminisme ne doivent pas être un moyen de détruire la crédibilité des travaux scientifiques. Oui, les hommes sont toujours dominants dans ce secteur, mais n'est-il pas préférable d'éduquer au lieu de trouver des théories autodestructrices ?

[1] Cohn Carol, “Sex and Death in the Rational World of Defense Intellectuals”, Signs, Vol. 12, No. 4, Within and Without: Women, Gender, and Theory. (Summer, 1987), pp. 687-718.