Et si vous vous réveilliez un jour et que vous découvriez que vous avez le pouvoir de changer les choses ?


Photographe : @markusspiske

Source : Unsplash

Je me suis réveillée d’une terrible gueule de bois. Les jambes lourdes, engourdies, mais décidée à marcher cette fois. Les idées claires, l’envie frondeuse, j’étais prête. Je ne savais pas comment j’allais m’y prendre : les moyens sont nombreux, les opportunités multiples, les défis d’ampleur. Pourtant, à l’intérieur de moi avait dormi, presque éteinte par le fatalisme ambiant, une flamme. C’était clair : l’environnement est menacé et je suis le fruit d’une génération qu’on a assailli de leçons paternalistes sur le besoin immédiat de protéger notre futur. Pas à pas, fourmillement sur fourmillement, je me rends compte que j’étais tétanisée. Depuis trop longtemps, depuis toujours en fait, j’avais cru qu’il était trop tard. Que le monde fût fait ainsi, que l’apocalypse était proche, mais pas assez pour qu’on en connaisse la date. Qu’un jour peut-être, une sorte de miracle aurait lieu. Je dis bien miracle, car cela relevait plus du surréalisme que de la réalité. L’innovation promise arriverait et nous sauverait, tous. Ainsi nous remplacerons Dieu merci par Homme merci.

J’ai mal à la tête. Une gueule de bois, ça tabasse. Je ne sais plus si je rêvais réveillée, ou si je dormais dans une atmosphère cauchemardesque. Je me trouve debout dans cette chambre, ébouriffée de la nuit agitée que j’ai passée. Je traverse la pièce avec difficulté, peinant à atteindre le seul miroir poussiéreux, dans un coin mal éclairé. Je me regarde, je me discerne. Ma chemise est froissée, mon pantalon arraché, j’ai les lèvres bouffées par le stress, et les yeux tombant de désespoir. Il faut agir, je ne peux plus rester immobile attachée à ma dépression et cette idée que je n’y peux rien.

Je m’apprête pour enfin redécouvrir le monde, je sors. Je vais à la rencontre des gens, je discute, j’affronte les idées. Pourquoi on ne peut rien faire ? La réponse est toujours la même : « Œuvrer pour l’environnement n’est pas rentable, les politiques prennent leur temps, et tu n’y changeras rien. ».

Et si on faisait tous des actions à notre échelle ? « La proportion est trop minime, nous ne représentons pas assez. Nous sommes une goutte dans un océan d’actions à mener pour nous sortir de ce pétrin. Tu es si naïve de croire qu’un beau jour tu peux te réveiller avec de nouvelles ambitions futiles, volatiles, et que tu vas révolutionner le cours des choses. ». Encore une de ces phrases à tournure moralisatrice.

Je ne veux pas me résoudre. Que faire pour servir mon futur, notre futur à tous ? Je feuillète les livres à la recherche d’une lueur, peu importe sa forme. Je découvre le récit de voyageurs tel que Mike Horn, Isabelle Autissier, qui ont vu le monde se métamorphoser drastiquement ces dernières années. Les paysages déclinent, les populations se meurent de l’autre côté du monde. Nous ne voyons rien. Je ressens encore ce foutu fatalisme s’accrocher à mon pied telle une pierre prête à se jeter dans l’océan avec moi au bout.

Alors je décide d’appeler des professionnels. L’un d’entre eux me susurre à l’oreille qu’il existe une solution, qu’elle est facile à atteindre mais qu’elle nécessitera beaucoup de volonté, assez pour ne jamais abandonner. « Il faut que tu te connectes à des communautés. Fais porter ta voix, et rien de mieux que plusieurs échos de voix pour se faire entendre. Plus vous serez à crier, plus on vous entendra, et plus vous pourrez apporter vos solutions pour protéger l’environnement. Faites savoir que vous n’êtes pas seuls, que c’est un désir commun, un désir qui émane d’une nécessité ».

Son chuchotement résonne dans ma tête. C’est ce genre de phrase qui chamboule votre vie, qui vous réveille par électrochocs. Le goût amer de la fin de gueule de bois s’en va doucement, il est temps.

En cherchant plusieurs moyens de me connecter à d’autres jeunes, je trouve ce réseau, les « Young European Ambassador ». Ils agissent par le dialogue avec 6 pays à l’Est de l’Europe : la Moldavie, la Biélorussie, l’Ukraine, la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Mais aussi les « Youth 4 Climate », avec l’emblématique Greta Thunberg en égérie. Ou des initiatives plus spontanées, plus personnelles, comme des jeunes qui créés des évènements Facebook à la suite d’une lassitude face à un environnement plein de débris et de plastiques. Ainsi, nous nous regroupons, et ensemble, nous sommes plus forts, nous allons plus loin. Nous nous confrontons à une diversité de culture et d’idées. Nous apprenons de nos convictions et de nos valeurs : nous les peaufinons, les modelons, les réalisons. Grâce à eux, aujourd’hui, je me sens utile.

Le dernier écho que j’aimerais ébruiter ressemble à un murmure d’espoir : Tout le monde a le pouvoir de changer les choses. Ce pouvoir est en chacun de nous. Il attend que vous lui insuffliez les convictions nécessaires pour vous raccrocher au monde. Vous avez toutes les cartes en main, ne les jetez pas par terre, utilisez-les.

 

Anaëlle Barthel


Notre partenaire : Les Young European Ambassadors

Créés en 2016 pour promouvoir l’engagement des jeunes dans le cadre du Partenariat oriental de la politique européenne de voisinage, les Jeunes ambassadeurs européens organisent des actions et publient régulièrement sur leur blog pour promouvoir les relations entre l’Union européenne et ses États voisins.

Depuis 2021, notre partenariat nous permet de publier des articles et des créations de jeunes de toute l’Europe et de donner à notre revue une visibilité auprès de ces populations étudiantes à l’Est.