Du vert contre le rouge
Un artiste pourrait voir dans ce titre une opposition entre deux couleurs. Une personne sensibilisée aux symboles des idées politiques se dirait qu’il s’agit d’un article énumérant les nombreux points de contradiction entre l’écologie et le communisme. Une monitrice d’auto-école pourrait considérer qu’il s’agit du nom du dernier fascicule distribué par la Sécurité Routière sur le non-respect des feux de signalisation.
Non en réalité il s’agit ici de parler du conflit entre la République populaire de Chine et Taïwan.
1) Le choix d’une mise au vert.
Les enjeux du réchauffement climatique et de gestion des ressources naturelles sont particulièrement importants pour l’île de Taïwan.
En effet, sa situation insulaire et la contrainte d’un voisin un peu trop présent dans son champ de vue depuis 1949 ont forcé ses structures administratives et économiques à être inventives en matière énergétique et d’organisation. Avec près de 656 habitants au kilomètre carré, les contraintes de place et de disposition des centres énergétiques se sont vite posées.
C’est pourquoi, au cours des années 2000 et en particulier depuis 2016 avec l’élection de la présidente Tsai Ing-wen à la tête du pays, le pays a enclenché un vaste programme de réorientation énergétique hors des sources fossiles. Plus particulièrement, les Taïwanais se sont spécialisés dans le développement des infrastructures offshores comme des éoliennes, des hydroliennes et sur des programmes de protection de leur biodiversité côtière.
Outre le fait de montrer qu’il faut une femme au pouvoir pour réussir à mener contre vents et marées des politiques ambitieuses en matière d’adaptation environnementale, le cas de Taïwan souligne l’intérêt tout particulier que peuvent susciter de simples éoliennes sur la scène internationale.
En effet, grâce à ses experts de renommée mondiale, l’État de Taïwan trouve des relais de sa politique énergétique et de son efficacité parmi des pays comme le Japon ou le Royaume-Uni. Ce dernier ira même jusqu’à plaider pour l’intégration de Taïwan à la COP24 en 2019 !
2) Un voisin rouge de colère
Cet essor de Taïwan et de ses éoliennes sur la scène internationale ne passe pas pour la République populaire de Chine et son président Xi Jinping. Malgré l’éviction de l’île hors du Conseil de sécurité de l’O.N.U. depuis 1971, les successeurs de Mao Zedong n’ont décidément pas fini d’entendre parler de la « République de Chine ».
Comment ne pas comparer ces politiques de transition énergétique efficaces qui font office de modèle au niveau international (alors que le pays n’est reconnu que par 15 États) avec celles d’un pays considéré à juste titre comme le plus pollueur des deux hémisphères ?
Il est vrai que la République populaire tente depuis quelques années d’effectuer une transition énergétique à marche forcée, comme dans le cadre de son programme Made in China 2025 défendu par le président Xi. Les immenses champs de panneaux photovoltaïques font ainsi la fierté du régime et pourraient faire pâlir les environnementalistes taïwanais.
Sauf que ce qui peut vraiment effrayer ces derniers, ce sont les études récurrentes menées par l’Agence de Promotion de la Santé qui indiquent que la principale source de la pollution atmosphérique à Taïwan, responsable de 40% des cancers, serait la Chine continentale…
Taïwan peut donc ainsi prendre l’ascendant sur la scène internationale sur une Chine continentale sous le prisme de l’écologie et des conditions sanitaires. Il ne manquerait plus que la RPC soit le point de départ d’une pandémie mondiale !
Pierre Jouin