De l'importance de la sensibilisation des jeunes dans l'Union européenne
L’Union européenne et plus généralement la construction européenne est portée par plusieurs dynamiques depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale pour rapprocher les pays et les sociétés européennes. La dynamique de l’intégration en est une essentielle, car elle a l’objectif à terme d’unifier les compétences nationales sous l’égide une institution supranationale. Et pour cela, il faut convaincre les Européens du bien-fondé de l’Union, il faut les sensibiliser : et cette sensibilisation est particulièrement efficace dès le plus jeune âge.
Dépasser l’éducation traditionnelle
L’éducation à travers les systèmes scolaires publics peut parfois connaître des manques ou des absences de sensibilisation à la citoyenneté et au rôle politique des jeunes. La sensibilisation est alors un moyen de compléter une formation académique et d’améliorer l’apprentissage de la vie en société.
L’Union européenne et les étapes de la construction européennes sont des thèmes abordés dans de nombreux cursus académiques et universitaires, souvent lorsque les jeunes atteignent les études supérieures. Toutefois, l’étude des cultures, de l’histoire et bien sûr des langues sont intégrées à nos parcours scolaires, quel que soit le pays européen. Il existe bien sûr des spécificités, comme lors de l’apprentissage du déroulement des deux Guerres mondiales.
De plus, l’Europe est aujourd’hui partout visible dans notre société et dans nos structures. À travers des symboles, des financements ou des couleurs, l’Union s’est imposée dans notre paysage au cours du début du XXIème siècle. Une des raisons est par exemple l’arrivée du drapeau étoilé sur les bâtiments officiels avec la 52ème Déclaration du Traité de Lisbonne.
Enfin, ce dépassement est caractérisé par le besoin d’échange culturel et artistique entre les jeunes Européens pour éveiller leur intérêt pour les autres pays. Cela permet ainsi de « casser » les thèmes traditionnels et les méthodes des systèmes éducatifs nationaux en proposant des échanges voire des voyages transfrontaliers, comme avec le programme franco-allemand Brigitte-Sauzay.
Se sentir impliqué
La sensibilisation des jeunes hors du cadre scolaire, c’est aussi un moyen de faire partie d’un projet nous dépassant, de se sentir impliqué dans un groupe. C’est là tout le défi de l’Union qui doit susciter l’intérêt d’un projet international chez des individus ancrés dans leur environnement local.
Et la première déclinaison de cette implication se retrouve dans la notion de corporatisme. Bien entendu, cela est différent du corporatisme professionnel. Pour les mouvements de jeunesse et les associations, c’est plutôt l’idée d’un « esprit de groupe ». Et le meilleur exemple par sa longévité et par son niveau international, c’est celui du scoutisme. À travers des uniformes, des traditions et des grands rassemblements, le mouvement scout peut porter des thèmes comme l’écologie, l’égalité des sexes ou dans ce cas, la coopération européenne. C’est le cas en 2015 avec le Jamboree (rassemblement scout) « You’re Up » de Strasbourg, où le nom annonce clairement la couleur (bleue) de l’évènement.
La sensibilisation à travers un thème, c’est également le moyen d’apprendre de nouveaux comportements, de nouveaux vocabulaires. Même si toute mode n’est pas toujours bonne à suivre (notamment celle du jean troué plus cher qu’un jean en parfait état), il faut admettre que l’évolution des problèmes sociétaux et les nouveaux enjeux doivent pouvoir être appréhendés et nommés. L’exemple le plus parlant est celui du mouvement Youth fo Climate porté par des adolescents comme la Norvégienne Greta Thunberg, où la jeunesse tente de prendre le contrôle de la lutte pour le climat, parfois en opposition avec les institutions en place et les concepts tels que le développement durable.
Enfin, la sensibilisation comme moyen d’implication, c’est un catalyseur pour l’esprit d’initiative et pour l’apprentissage par des actions concrètes. La sensibilisation n’est donc plus un simple apport pour les jeunes, c’est également une source de bénéfices pour toute société. En effet, les nouvelles idées et la créativité sont les meilleurs moyens de rompre avec des traditions conservatrices, et représentent des garde-fous contre des dérives autoritaires et sectaires. C’est le cas actuel en Pologne où une grand partie de la jeunesse descend dans la rue pour défendre le droit à l’avortement et s’opposer à un gouvernement porté par une persistance d’une société très conservatrice dans le pays.
Pierre Jouin
Bibliographie :
Noémie Jadin, “Mouvements de jeunesse : quels apports pour la société ?”, Pensée Plurielle (01/2007)
Cécile Chatrain, Yaëlle AMsellen-Mainguy, Alice Olivier, “Prévenir et sensibiliser au-delà du cadre scolaire”, Cahiers de l’Action (03/2013)