A une amie


Crédits : Unsplash (Vidar Nordli-Mathisen)

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Chère amie,

    Regarde-toi… Je n’aperçois que de mornes étincelles dans tes gestes désormais sans instincts (le verre vide que j’imagine devant toi rend ma gorge sèche !). Quand je te rencontre, tu portes toujours ta robe de princesse déchirée (et alors ! dans la nuit capiteuse tu m’insultes violemment en m’envoyant tes foudres ! (et le ciel s(m)’illumine, amour de chaque soir !)). Toi la mystérieuse au rire sublime et cruel, envoie-moi encore tes vulgarités et tes regards accusateurs pour que mon cœur, volcan sans feu, réagisse une fois de plus (colère ! mélancolie ! rêverie !). …Je n’arbore tu le sais que le possible.

    Je crois surtout que tu envies, toi éternelle Beauté (non ! toi, l’éternelle anti-beauté !), ma fragilité de mortel en décomposition constante (bientôt le cimetière pauvre soldat de la vie !). Ta fine silhouette, mon amie, me berce même dans les tornades insupportables. …Encore faut-il que je te ramène à la lumière et que tu me sortes de mon ennui et de mon indifférence (les deux seuls tyrans de ce monde !). Je n’ai plus beaucoup de temps ! alors ouvre-toi à moi entièrement, retrouve ton souffle (mais ! quoi qu’il arrive, je rejoindrai bientôt ton absence sempiternelle !). Je sais cependant que tu as encore le pouvoir, par ton ivresse, de me voiler les terreurs du gouffre.

    Mon amie, je t’en conjure, retrouve le charme de ta vitalité première et fuyante ! car c’est toujours en fuyant l’instant que nous le saisissons. Reprends je t’en supplie ta course effrénée vers le précipice… et saute ! toi la brave séductrice (séductrice tu l’es à coup sûr pour ceux qui jouissent de dégoût ! ne l’oublions pas et ne l’oublie pas non plus, ô toi ! il n’y a que ton contraire qui puisse te nommer…). Redonne vie à tes enfants, ces êtres de chair (sans bras !) que j’apprivoise dans l’incertitude et avec excès (Déesse du corps qui m’ensorcelles !). Je sais que ton charme (passion élévatrice et mortifère !) gardera à jamais (permanence !) (comme dit l’autre !) « la magie pénétrante des ruines ».

    Je t’embrasse, toi ! qui me bâtis et me démolis, qui me délivres et m’abasourdis.

 

Ton éternel enn-ami.

Jean


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Dimanche 1er novembre 2020